Maghreb: l’espérance et les défis

Maghreb: l’espérance et les défis
Publié dans arab.news par Seyid Ould Abah
le 20 septembre 2022

Si les informations qui ont annoncé la participation du roi du Maroc, Mohammed VI, au Sommet arabe d’Alger se confirment, il sera possible d’envisager un dénouement heureux du dossier conflictuel des relations maroco-algériennes.

La rupture douloureuse de ces relations en raison d’une volonté unilatérale algérienne, en août 2021, a donné un coup fatal à l’Union du Maghreb arabe (UMA), déjà moribonde et paralysée.

En outre, le dernier différend qui a affecté les relations entre la Tunisie et le Maroc, habituellement cordiales, a été ressenti dans toute l’Afrique du Nord comme la secousse de trop dans une région en plein désarroi. La plaie libyenne toujours vive, les aléas de la crise endémique du Sahel, les répercussions négatives de la récession économique en Europe constituent des facteurs qui aggravent cette nouvelle donne.

L’UMA regroupe le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie. Elle a suscité, lors de son instauration – à Marrakech en 1989 –, un grand espoir dans toute la région, où l’héritage du mouvement de libération commun est toujours vivace.

Cette initiative des chefs d’État de la région devait conduire à la dissolution des frontières, à la libre circulation des personnes et des biens et à l’harmonisation des politiques et stratégies publiques. Force est de constater aujourd’hui que ce grand espoir a fait long feu.

Il va sans dire que la détérioration des relations entre les deux pays centraux du Maghreb (le Maroc et l’Algérie) est la cause principale de la faillite du projet maghrébin.

L’origine de ce différend entre les deux pays voisins est connue: il s’agit du dossier du Sahara occidental, qui a connu récemment des développements essentiels.

La reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara, le soutien au projet marocain de l’autonomie au Sahara de la part des pays du golfe Arabique, mais aussi de la plupart des États africains, de l’Espagne et de l’Allemagne, a consacré une nouvelle donne qui ne pourra être négligée dans la gestion de ce dossier.

L’accord signé en 1987 entre le roi Hassan II et le président Bendjedid devra être ressuscité. Ill était destiné à relancer les relations entre les deux pays et à œuvrer en commun pour l’unité du Maghreb en confiant la gestion du dossier conflictuel du Sahara occidental aux Nations unies pour le bien de la région. Le roi Mohammed VI a exprimé pour la deuxième fois à l’occasion de la Fête du trône son souci de préserver et de renforcer les rapports entre les deux pays «jumeaux». Ce dénouement tant souhaité pourrait permettre de s’acheminer vers une solution consensuelle et négociée du problème du Sahara occidental, qui tiendrait compte des opportunités réalistes et crédibles de l’autonomie proposée par le Maroc.

Le dossier libyen apparaît comme une autre pomme de discorde. Les pays maghrébins ont fait part de positions divergentes vis-à-vis des luttes politiques internes qui ont lieu en Libye. Seule une solution consensuelle, inclusive, qui respecterait la légalité parlementaire locale et serait en conformité avec les résolutions internationales, pourra faire entrevoir la sortie de cette crise profonde.

La Libye, pays charnière entre trois espaces clés (moyen-oriental, maghrébin et sahélien), est une pièce maîtresse de l’équation géopolitique nord-africaine.

L’autre flanc de la région est constitué du Sahel, qui est à la fois la continuité naturelle et stratégique du Maghreb et le point d’ancrage de ses structures constitutives.

La Mauritanie, qui se situe aux portes de cette zone capitale, apparaît comme la digue de protection du Maghreb contre les menaces sécuritaires qui ont dévasté les pays du Sahel. Ces derniers sont en effet en proie aux guerres civiles et subissent les atrocités du radicalisme religieux.

On le voit, l’UMA représente une nécessité primordiale pour la stabilisation du vaste espace saharo-sahélien. Les pères de cet organisme ont envisagé, avec l’accord de Marrakech, son élargissement aux États africains voisins. À défaut, trois pays maghrébins ont déjà déposé leur candidature pour adhérer, à différents niveaux, à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Cette velléité d’adhésion traduit nettement la complémentarité et le lien organique qui existent entre les deux espaces (maghrébin et ouest-africain). Il en résulte que l’avenir du Maghreb est immanquablement associé à celui du Sahel.
Source: arabnews.fr

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