Lutte contre la corruption : la réforme de la justice en débat
Lutte contre la corruption : la réforme de la justice en débat
Les mesures prises par le gouvernement mauritanien lors du Conseil des ministres du 16 janvier 2025 pour renforcer la lutte contre la corruption continuent de susciter des réactions variées. Parmi elles, la contribution de Me Lo Gourmo Abdoul met en lumière un point central : l’efficacité de cette lutte est intrinsèquement liée à l’état de la justice, bien plus qu’à l’adoption de nouvelles normes juridiques.
Une critique du dispositif juridique existant
Me Lo Gourmo Abdoul souligne que malgré l’abondance de conventions internationales et de lois nationales, la corruption continue de prospérer. Selon lui, cet arsenal législatif, bien que volumineux et souvent sophistiqué, demeure inefficace en l’absence d’une justice fonctionnelle et intègre. L’avocat et homme politique pointe du doigt une réalité troublante : les textes juridiques ne servent parfois qu’à créer une illusion d’État de droit, nourrissant davantage les professionnels du droit que la justice elle-même.
Cette critique interpelle, surtout dans un contexte où l’adoption de nouvelles lois est souvent perçue comme la solution principale aux fléaux sociaux. En insistant sur la primauté d’une réforme profonde de la justice, Me Lo Gourmo Abdoul invite à repenser les priorités institutionnelles.
Le rôle des acteurs de la justice
L’un des points les plus marquants de sa contribution réside dans son appel à une refonte du personnel judiciaire. Il dénonce « les bandes de prédateurs et de corrompus » qui, selon lui, prolifèrent dans les tribunaux et dans les institutions judiciaires. Pour Me Lo Gourmo Abdoul, une lutte efficace contre la corruption nécessite des juges, greffiers, avocats et huissiers intègres et compétents. Sans ce renouvellement des ressources humaines, les lois ne seraient que des « sparadraps sur une jambe de bois ».
Cette observation met en évidence une problématique structurelle : le manque de confiance dans l’appareil judiciaire. En effet, lorsque la justice est perçue comme compromise, elle ne peut pas remplir son rôle de régulateur impartial et efficace dans la lutte contre la corruption.
Une réforme au cœur des attentes
Me Lo Gourmo Abdoul rappelle que la réforme de la justice ne peut plus être différée. Il appelle à une transformation radicale qui restaurerait sa crédibilité et son efficacité. En mettant l’accent sur l’urgente nécessité de sortir la justice de son « état de déliquescence », il soulève une question essentielle : comment le gouvernement peut-il garantir que les mesures prises iront au-delà des déclarations d’intention et s’attaqueront véritablement aux racines du problème ?
Une perspective pour l’avenir
Cette contribution pose un défi au gouvernement mauritanien : placer la réforme de la justice au cœur de son agenda, non pas comme une initiative isolée, mais comme un levier essentiel pour toute politique anticorruption. Elle invite également les citoyens et la société civile à rester vigilants et à exiger des actes concrets plutôt que des promesses.
En conclusion, si les mesures annoncées par le gouvernement marquent un pas dans la bonne direction, elles devront être accompagnées d’actions courageuses pour réformer le système judiciaire. La lutte contre la corruption, comme le souligne Me Lo Gourmo Abdoul, ne peut être gagnée que si la justice elle-même est à l’abri de toute suspicion.
L’Equipe de rédaction Rapideinfo