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Lutte contre la corruption en Mauritanie : une volonté politique affirmée ou simple alignement institutionnel ?

Lutte contre la corruption en Mauritanie

L’adoption par l’Assemblée nationale, ce mois de mai 2025, de trois projets de lois relatifs à la lutte contre la corruption en Mauritanie marque un tournant important dans la stratégie de gouvernance en Mauritanie. Le ministre de l’Économie et des Finances, Sidi Ahmed Ould Abah, s’est exprimé à ce sujet à travers une tribune détaillée publiée sur les réseaux sociaux, soulignant l’importance de ces textes et le contexte politique qui les accompagne.

Les lois concernées portent respectivement sur la lutte contre la corruption, la déclaration de patrimoine et d’intérêts, et la création d’une Autorité nationale indépendante de lutte contre la corruption. Elles viennent, selon le ministre, répondre à une exigence nationale de moralisation de la vie publique et de consolidation de la gouvernance.

« Il ne s’agit ni d’un choix opportuniste, ni d’un diktat extérieur », insiste Ould Abah, qui affirme que ces réformes découlent directement du programme présidentiel “Mon ambition pour la Nation”. Ce programme place la gouvernance au cœur du projet de développement du pays, avec un accent particulier sur la transparence, le renforcement des institutions de contrôle, et l’assainissement de la gestion des ressources publiques.

La Mauritanie, signataire de la Convention des Nations unies contre la corruption, est également engagée dans un programme volontaire de réformes économiques avec le FMI. Le ministre rejette cependant toute idée de pression extérieure, affirmant que l’initiative des réformes est d’abord nationale, motivée par une volonté de rupture avec les pratiques du passé.

Le processus ayant conduit à l’élaboration de ces lois a mobilisé des experts nationaux et fait l’objet de longues délibérations au sein du gouvernement. Au Parlement, les textes ont été enrichis par de nombreux amendements émanant des députés de la majorité, notamment sur les obligations de transparence des élus. Une dynamique que le ministre qualifie de « maturité parlementaire » et qui contraste, selon lui, avec les pratiques observées en 2007, lorsque certains élus avaient cherché à se soustraire aux exigences de déclaration de patrimoine.

Face aux critiques persistantes de certains acteurs politiques et de la société civile, qui soupçonnent le gouvernement de manœuvres cosmétiques ou de répondre à des injonctions étrangères, Ould Abah se veut catégorique : « Tous les signaux de réformes sont le fruit d’une volonté souveraine. »

Il cite, à l’appui de ses propos, plusieurs mesures déjà mises en œuvre : restructuration de l’Inspection générale d’État, réforme des marchés publics, classification rigoureuse des entreprises, digitalisation des procédures administratives, réduction des délais de paiement aux entreprises, et maîtrise de l’endettement extérieur, désormais stabilisé à 36 % du PIB.

Le ministre conclut son intervention en appelant à un débat politique apaisé : « Nous pouvons avoir des divergences, c’est sain en démocratie. Mais cela ne devrait pas justifier la diabolisation systématique de l’autre. »

Source: senalioune

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