L’unité nationale : un socle, pas une illusion
L’unité nationale : un socle, pas une illusion
Les déclarations du porte-parole du gouvernement, Houssein Ould Medou, affirmant que » l’unité nationale est plus forte que les discours mensongers « , ont suscité des réactions contrastées dans l’opinion. Pour certains, elles traduiraient une » fuite en avant » du régime du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani face aux défis persistants de la cohésion sociale. Pourtant, à y regarder de plus près, la position du porte-parole mérite d’être replacée dans son véritable contexte : celui d’une défense du socle commun qui unit les Mauritaniens au-delà des fractures.
La Mauritanie est une mosaïque culturelle, ethnique et linguistique unique dans la sous-région. Cette diversité, héritée de l’histoire et consolidée par la géographie, a souvent été perçue comme une ligne de fracture. Elle est aussi, et surtout, un atout. Ould Medou rappelle une évidence trop souvent occultée : malgré les tensions et les perceptions d’injustice, la nation mauritanienne n’a jamais basculé dans l’implosion. L’attachement au pays, au drapeau et aux valeurs partagées reste profondément enraciné.
Il est vrai que l’unité nationale ne se décrète pas, comme l’affirme une partie de l’opinion. Mais faut-il pour autant la fragiliser en présentant un tableau excessivement sombre de la réalité ? Les réseaux sociaux, devenus caisse de résonance des frustrations, tendent à amplifier les divisions au lieu de nourrir le dialogue. Le rôle d’un gouvernement, face à ces dérives, est précisément de rappeler que ce ciment national existe, qu’il résiste, et qu’il est plus solide que les discours de désunion.
Le porte-parole du gouvernement ne nie pas l’existence des disparités sociales ou des discriminations historiques. Mais son propos vise à réaffirmer la priorité : ne pas céder au défaitisme. Car réduire la Mauritanie à ses tensions revient à ignorer les progrès réalisés depuis plusieurs décennies, notamment en matière d’accès à l’éducation, d’infrastructures et de représentativité institutionnelle. Certes, tout n’est pas parfait. Mais nier les efforts entrepris par les autorités actuelles _ qu’il s’agisse de la promotion des harratines, du dialogue national inclusif, ou des politiques sociales renforcées_reviendrait à occulter une réalité en construction.
L’appel de Houssein Ould Medou à défendre l’unité nationale n’est donc pas une fuite en avant. C’est un rappel de responsabilité. Car l’unité est un chantier permanent qui exige la participation de tous : gouvernement, opposition, société civile et citoyens. L’histoire récente de la région montre que les divisions, lorsqu’elles sont instrumentalisées, peuvent plonger des pays entiers dans la tourmente. Préserver la cohésion nationale n’est pas une option, c’est une nécessité.
En définitive, les propos du porte-parole doivent être compris comme un avertissement : l’unité nationale n’est pas un acquis intangible, mais elle est assez forte pour résister aux manipulations. Reconnaître les difficultés est indispensable, mais les amplifier au point d’alimenter la discorde ne contribue pas à bâtir le vivre-ensemble. La force de la Mauritanie réside dans sa capacité à transformer sa diversité en richesse, et cela ne peut se faire qu’en croyant en cette unité que d’aucuns qualifient trop vite de « slogan ».
Rapide info