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L’imprévisible Donald Trump souffle le chaud et le froid en Afrique du Nord

L’imprévisible Donald Trump souffle le chaud et le froid en Afrique du Nord

En pleine semaine marquée par une activité diplomatique et militaire intense en Afrique du Nord, l’imprévisible Donald Trump fait de nouveau parler de lui. Une délégation américaine s’est rendue à Laâyoune, dans le Sahara occidental, tandis que le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, recevait le Général d’Armée Michael Langley, Commandant du Commandement militaire américain pour l’Afrique (AFRICOM). Ces événements, bien que distincts, semblent révéler une reconfiguration stratégique des États-Unis dans la région, alors que Trump, fraîchement revenu à la Maison-Blanche, attise les tensions et intrigue par ses choix.

Donald Trump reste fidèle à sa réputation d’imprévisibilité. Capable de changer de position comme un caméléon, il sème souvent l’incompréhension, même au sein de ses alliés les plus proches, qui peinent à lui faire pleinement confiance. Cette semaine, il a effectué un geste à l’égard de l’Algérie par l’envoi du Général d’Armée Michael Langley à Alger, une démarche qui coïncide étrangement avec une campagne de dénigrement visant la Mauritanie. Ces tensions régionales réveillent les vieux démons des rivalités historiques, notamment autour de projets stratégiques comme le gazoduc et des rumeurs sur une interconnexion énergétique à partir de Smara.

Certains vont même jusqu’à évoquer des prétextes liés à l’arrestation d’un élément supposé de Daesh, reflet probable d’une nervosité croissante parmi les voisins de la Mauritanie. Face à ces manœuvres, Nouakchott continue de jouer la carte de la neutralité, mais la pression s’accentue. Cette pression est illustrée d’un côté par le communiqué de l’Union des Forces du Progrès (UFP), qui invite les autorités mauritaniennes à maintenir la position constante de la Mauritanie, et de l’autre, par le sit-in prévu lundi 27 janvier par l’Opposition. Ce dernier vise à protester contre le projet de loi sur les partis politiques, qui sera soumis à l’Assemblée nationale ce lundi.

Ce projet de loi suscite une controverse supplémentaire puisqu’il intervient juste après l’invitation au dialogue formulée par le Premier ministre lors de sa récente déclaration devant le Parlement pour présenter le bilan de 2024 et les perspectives de 2025. Le dialogue, selon les propos du Premier ministre, inclurait toutes les questions sensibles, notamment le « Passif humanitaire ».

Une visite militaire américaine à Laâyoune

Une délégation militaire américaine, présentée comme une « visite de routine » par une source marocaine, s’est rendue à Laâyoune cette semaine. Composée de trois officiers, la mission a rencontré Alexander Ivanko, représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, ainsi que le commandant des casques bleus de la MINURSO, le Général Fakhrul Ahsan. La délégation s’est ensuite rendue sur des sites d’observation onusiens situés à l’ouest du Mur des Sables.

Cette visite survient dans un contexte tendu marqué par le retrait du Front Polisario du cessez-le-feu de 1991 et les récents ajustements américains concernant la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Certains observateurs estiment que ce déplacement pourrait renforcer la posture américaine dans cette région stratégique.

Le Général Langley reçu à Alger

Pendant ce temps, à Alger, le président Abdelmadjid Tebboune accueillait le Général Michael Langley, accompagné d’une importante délégation d’AFRICOM. L’audience, à laquelle ont participé le Général d’Armée Saïd Chanegriha et d’autres hauts responsables algériens, a porté sur la coopération militaire et les enjeux de sécurité régionale.

Bien que les détails des discussions restent confidentiels, cette rencontre illustre une volonté américaine de maintenir un dialogue stratégique avec Alger, en dépit des tensions régionales croissantes. L’Algérie, qui considère que la question du Sahara Occidental relève indubitablement d’un processus de décolonisation à parachever, affirme régulièrement sa position sur ce dossier sensible.

Une Mauritanie prise entre deux feux ?

Bien que la Mauritanie maintienne une stricte neutralité dans les conflits qui secouent ses voisins, les répercussions de ces mouvements stratégiques commencent à se faire sentir. Entre le voisin marocain, qui bénéficie d’un soutien renforcé des États-Unis, et l’Algérie, qui considère que la question du Sahara Occidental relève indubitablement d’un processus de décolonisation à parachever, la position mauritanienne semble de plus en plus exposée.

Donald Trump, connu pour ses décisions imprévisibles et souvent polémiques, pourrait bien être en train de raviver des tensions là où la coopération devrait prévaloir. En multipliant les signaux contradictoires, l’administration américaine ne fait que complexifier une situation régionale déjà fragile.

Un jeu délicat à surveiller

Les récentes activités diplomatiques et militaires des États-Unis en Afrique du Nord soulèvent de nombreuses questions. S’agit-il d’une stratégie concertée pour renforcer leur influence dans une région stratégique ? Ou bien l’imprévisibilité de Donald Trump est-elle en train de provoquer des bouleversements inattendus ?

Quoi qu’il en soit, les événements de cette semaine rappellent que la stabilité en Afrique du Nord reste précaire. Entre les ambitions géopolitiques des grandes puissances et les sensibilités locales, il est essentiel que des ponts de dialogue soient maintenus pour éviter toute escalade dans une région déjà marquée par de nombreuses tensions.

Ahmed OULD BETTAR

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