L’illégitimité du pouvoir algérien, installé par l’ armée depuis 1962, n ’ a pas cessé de se détériorer

L’illégitimité du pouvoir algérien, installé par l’ armée depuis 1962, n ’ a pas cessé de se détériorer.

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L’ illégitimité du pouvoir politique en Algérie, installé par le Commandement militaire depuis 1962, n’a pas cessé de se détériorer, a souligné le chercheur algérien Madjid Benchikh. « La gestion des ressources du pays par des institutions sans représentativité a favorisé la prédation et la corruption au profit de petits groupes constitués autour des dirigeants alors que de larges couches populaires sont en difficulté et de plus en plus marginalisées », a dénoncé cet ancien doyen de la Faculté de droit d’Alger.

Dans une tribune publiée par « Le Matin d’Algérie » sous le titre «  »Pas d’élections libres et honnêtes sans transition démocratique », le chercheur a fait observer que face à cette situation, la jeunesse n’avait ainsi d’autres choix que l’émeute ou la fuite vers l’étranger. Et de relever que les élections en Algérie servent plus à ajuster les avantages des clientèles et les rapports de force au sein du système qu’à créer des institutions capables de répondre aux aspirations des citoyens. Il a souligné que ces « élections n’ont jamais servi à poser et encore moins à contribuer à régler les problèmes des populations », soutenant que comme chaque fois qu’ils veulent donner un vernis démocratique au « système politique autoritaire » qu’ils cherchent à conforter ou à sauvegarder, les dirigeants algériens appellent à des élections dont ils promettent, à longueur de discours, qu’elles seront « libres et honnêtes ». Le soulèvement du peuple algérien à partir de février 2019 a mis à nu ce système en montrant que derrière les discours et les Constitutions d’apparences démocratiques, il y a des institutions contrôlées par le pouvoir, a-t-il expliqué.

M. Benchikh a expliqué que c’est pourquoi le peuple clame, partout dans le pays depuis février 2019, qu’il rejette ce « système politique militarisé » et veut un « Etat de droit, démocratique et social ». Alors que les dirigeants du système persistent dans le déni de la réalité et présentent même la répression et les arrestations arbitraires comme une défense des libertés et de la stabilité du pays, le peuple ne cesse de montrer qu’il sait ce que doivent être les élections libres et honnêtes, a-t-il commenté. Les Algériens savent que la liberté des élections exige le respect des libertés démocratiques et que leur honnêteté ne peut être assurée que s’ils participent à leur organisation en éliminant les mécanismes de contrôle et de manipulation qui les pervertissent, a-t-il noté, estimant que c’est la raison pour laquelle le peuple a décidé de recourir au boycott d’élections organisées par un système qu’il rejette. Si l’on se fie aux discours des dirigeants algériens, les élections algériennes se déroulent toujours dans le respect des libertés démocratiques même sous l’égide du parti unique, ironise-t-il.

Du point de vue des citoyens, les élus et les partis ou organismes auxquels ils sont affiliés sont discrédités et ne peuvent en aucun cas jouer le rôle d’intermédiation indispensable pour un fonctionnement normal du corps social, a-t-il regretté, ajoutant que l’absence de représentativité des partis est étroitement liée à la nature autoritaire du système politique. Dans ce système, intronisé en 1962 et consolidé depuis, le pouvoir est détenu et contrôlé par un Commandement militaire qui, « depuis 1963, a choisi tous les chefs de l’Etat sans aucune exception et les a fait élire au premier tour de l’élection présidentielle », fait-il observer.

Il a ajouté que ce système affiche un multipartisme contrôlé qui peut faire illusion et peut même permettre l’existence de quelques partis et associations dotés d’une relative autonomie qui, au milieu de nombreuses difficultés, dans des périmètres limités et définis, peuvent énoncer des critiques contre les gouvernants. « Mais en réalité, la plupart des partis, de nombreuses associations et des syndicats sont créés et fonctionnent sous la surveillance étroite d’un organisme politico-militaire qui dépend du Commandement militaire », détaille le chercheur. Appelé d’abord « Sécurité militaire », cet organisme, connu sous des noms divers des développements considérables et doté officiellement de prérogatives diverses en matière de police et de sécurité intérieure et extérieure, joue aussi le rôle d’une institution de contrôle de la vie politique, économique et sociale du pays, fait-il savoir.

Il est à la fois l’œil qui surveille et renseigne et l’aiguillon qui incite et oriente, poursuit ce juriste qui explique que cette situation ouvre ainsi la voie au travail de l’ombre et aux manipulations qui pervertissent toute la vie politique et rendent inopérantes les dispositions constitutionnelles et législatives. Aucune élection ne peut dans ces conditions exprimer les aspirations des populations, a-t-il insisté, relevant que seule une période de transition démocratique peut permettre de sortir de l’impasse actuelle dans laquelle le pouvoir a plongé le pays.

Libé (Maroc)

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