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En Libye, les migrants en situation de « grande vulnérabilité », selon une organisation de l’Onu

En Afrique du Nord, la Libye est le pays où les migrants font « face aux plus grands défis », déclare à l’Agence France-Presse la directrice de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), alertant aussi sur un afflux massif de réfugiés dans la région causé par la guerre au Soudan.

En Afrique du Nord, la Libye est le pays où les migrants font « face aux plus grands défis », déclare à l’Agence France-Presse (AFP) la directrice de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), alertant aussi sur un afflux massif de réfugiés dans la région causé par la guerre au Soudan. « Nous recevons régulièrement des témoignages de migrants enlevés, retenus contre rançon ou victimes de violences et d’agressions », souligne Amy Pope, évoquant leur « très grande vulnérabilité ».

Entre trois et quatre millions d’étrangers « entrés illégalement » se trouvent en Libye, selon des affirmations des autorités datant de l’été. Passeurs et trafiquants ont profité du climat d’instabilité qui règne dans le pays depuis la chute et mort de l’ancien dictateur Mouammar Kadhafi, en 2011, pour développer des réseaux clandestins.

Plus de 357 000 réfugiés soudanais en Libye

La majorité des décès recensés en Méditerranée concernent des personnes parties de Libye, précise la cheffe de l’OIM, évoquant plusieurs naufrages récents. Selon elle, de plus en plus de migrants qui y transitent dans l’espoir de rejoindre l’Europe sont originaires d’Asie – notamment du Bangladesh et du Pakistan – d’où ils arrivent via le Golfe par voie terrestre.

L’organisation constate aussi une hausse des arrivées en Libye en provenance de Somalie, d’Érythrée et du Soudan, pays en proie à une guerre meurtrière entre l’armée et les forces paramilitaires depuis avril 2023. Depuis cette date, plus de 357 000 réfugiés soudanais ont afflué en Libye, selon des données du HCR datant d’août, venant grossir les rangs des centaines de milliers de migrants.

Ce conflit « continue de provoquer des déplacements massifs » de ces réfugiés dans la région, indique Amy Pope. Et la situation est « aggravée » par une « baisse de l’aide humanitaire et financière » dans des pays d’accueil limitrophes comme le Tchad et l’Égypte, en raison notamment de coupes récentes dans les budgets de l’Onu, ajoute la cheffe de l’OIM.

Si certains réfugiés soudanais en Afrique du Nord souhaitent et peuvent rentrer chez eux, notamment à Khartoum, où l’OIM a rouvert son bureau à la faveur d’une « amélioration relative de la sécurité », le retour reste impossible au Darfour, toujours théâtre « de graves violations des droits humains ».

Situation également tendue en Tunisie

En Afrique du Nord, l’autre principal point de tension est la Tunisie : le nombre de migrants dans la région de Sfax (centre-est), où s’entassent des milliers de personnes dans des camps de fortune, « dépasse largement les capacités d’assistance disponibles », selon Amy Pope.

« Beaucoup de personnes qui arrivent à Sfax s’y trouvent à un moment de leur périple où elles ont dépensé des ressources considérables » ou les ont épuisées, ajoute-t-elle, soulignant le rôle essentiel de l’OIM dans l’aide au retour volontaire.

De manière générale, face à une pression migratoire toujours forte dans la région, « les capacités et le soutien nécessaires (des pays) sont limités », se résumant souvent à des mesures sécuritaires de lutte contre l’émigration clandestine, déplore Amy Pope. Elle préconise des « solutions plus globales fondées sur la coopération Sud-Sud, le développement [des pays d’origine] et une migration légale et sûre ».

Ouest-France

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