Liberté de la presse : La Mauritanie toujours en tête des pays arabes
Liberté de la presse : La Mauritanie toujours en tête des pays arabes
L’organisation Reporters sans frontières (RSF) a publié aujourd’hui, vendredi 3 mai 2024, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, un rapport sur le classement mondial de la liberté de la presse.
La Mauritanie est restée en tête des pays arabes en se classant 33e au niveau mondial.
Ce pays, qui a progressé de 3 places dans le classement mondial de la liberté de la presse en 2024, est passé en une année de la 86e place à la 33e, soit d’un score de 59,45 à un score de 74,2.
S’exprimant lors d’une déclaration accordée aux médias, le représentant de RSF pour l’Afrique du Nord, Khalid Drarni, a qualifié la situation de la liberté de la presse dans la région arabe de « très mauvaise », exception faite de la Mauritanie.
En effet, la Mauritanie est le seul pays arabe où aucun journaliste n’est emprisonné, a affirmé le représentant de RSF.
Le rapport met également en évidence une situation « extrêmement grave » dans près de la moitié des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, où les Émirats arabes unis ont rejoint le groupe des dix pires pays de la région, aux côtés du Yémen, de l’Arabie Saoudite, de l’Iran, de la Palestine, de l’Irak, du Bahreïn, de la Syrie et de l’Egypte.
Depuis la dépénalisation des délits de presse en 2011, les journalistes mauritaniens peuvent travailler dans un environnement moins répressif, mais vivent dans une grande précarité.
Le Paysage médiatique selon le rapport de RSF
La radio est le média le plus populaire en Mauritanie, avec principalement la radio nationale, Radio Mauritanie, qui possède différentes antennes locales, tout comme TVM, la télévision nationale. Ces deux médias publics sont sous contrôle de l’État, à l’instar de l’Agence Mauritanienne d’information. Ces dernières années, l’audiovisuel privé a décliné. Les journaux papiers, majoritairement privés et francophones, disparaissent peu à peu en raison d’un manque de ressources. Cependant, quelques médias privés – principalement des sites d’information – ont réussi à consolider leur position au cours des 15 dernières années, tels Alakhbar.info, Cridem.org, Saharamedias.net et la chaîne de télévision diffusant en cinq langues El Mourabitoun TV. Plusieurs sites d’information ont également vu le jour et sont très présents sur les réseaux sociaux, comme Tawatur.net, Bellewarmedia ou encore La Vision.
Contexte politique
En situation de précarité, les journalistes sont particulièrement exposés aux pressions du pouvoir politique. Certaines rédactions, comme celle d’Alakhbar.info, parviennent toutefois à maintenir une certaine indépendance. La Haute Autorité de la presse et de l’audiovisuel (HAPA) – dont le président est nommé par décret présidentiel – a connu une réforme en 2022, qui a élargi ses pouvoirs à la presse numérique, a institué l’exigence d’un diplôme lié au secteur des médias pour ses membres, ainsi que la représentation de l’opposition.
Cadre légal
En Mauritanie, les délits de presse ont été dépénalisés en 2011. Un texte voté en 2006 et modifié en 2011 renforce la liberté de la presse et intègre les principes généraux sur le droit à l’information et la protection des sources le président Mohamed Ould Ghazouani s’est engagé, dès son entrée au pouvoir en 2019, à réformer la presse en Mauritanie et à professionnaliser le secteur. En 2020, une commission a été nommée pour préparer la réforme des médias, telle qu’un projet de loi qui établit le cadre juridique pour le statut du journaliste professionnel et l’obtention d’une carte professionnelle. Cependant, la loi sur la protection des symboles nationaux adoptée en 2021 peut constituer une entrave au journalisme, car certains articles peuvent être interprétés de manière à sanctionner des journalistes traitant de certains sujets ou de certaines personnalités.
Contexte économique
Malgré la promesse du gouvernement d’améliorer les conditions de travail des journalistes, leur situation reste précaire, ce qui les rend vulnérables à la commande d’articles contre une rémunération. Une directive non-officielle prise par l’ancien gouvernement a privé les médias indépendants de publicités du secteur public, contraignant plusieurs d’entre eux à arrêter leur activité. Si les médias reçoivent des subventions conséquentes, elles ne leur permettent pas d’avoir un modèle économique stable, en raison de leur mauvaise gestion.
Contexte socioculturel
Bien que la Mauritanie soit multiculturelle et multi-ethnique, les Maures contrôlent la majorité des médias, impactant les contenus diffusés. Les médias abordent difficilement les questions du viol conjugal, de la sexualité et de l’esclavage, ainsi que la corruption, les militaires, l’islam et les inégalités entre communautés.
Sécurité
Les journalistes sont rarement victimes d’agressions physiques, mais ils peuvent faire l’objet d’attaques verbales ou de campagnes de harcèlement sur les réseaux sociaux. Si les reporters peuvent circuler librement dans le pays, certaines zones militaires proches des frontières est et nord sont difficiles d’accès sans autorisation.
Redaction Rapide info
NB: certaines données sont tirées du rapport RSF