L’Hypocrisie des Politiques d’Expulsion : Entre Droit Souverain et Respect des Droits Humains
L’Hypocrisie des Politiques d’Expulsion : Entre Droit Souverain et Respect des Droits Humains
Un pays a, en effet, le droit souverain de contrôler son territoire et d’expulser les personnes en situation irrégulière. Cependant, ce droit doit être exercé dans le respect des principes fondamentaux du droit international, des droits de l’homme et de la dignité des individus concernés. L’expulsion ne doit pas être arbitraire ni inhumaine, et les méthodes employées ne doivent pas rappeler des pratiques répressives du passé.
Les principes fondamentaux à respecter
⁃ Respect de la dignité humaine : Toute procédure d’expulsion doit garantir le respect de la personne, sans brutalité, humiliations ni traitements dégradants.
⁃ Non-refoulement : Un État ne peut expulser une personne vers un pays où elle risque la torture, des traitements inhumains ou des persécutions, conformément à la Convention de Genève de 1951 sur les réfugiés et à la Convention contre la torture.
⁃ Accès à un recours effectif : Toute personne menacée d’expulsion doit pouvoir contester la décision devant une instance indépendante et bénéficier d’une assistance juridique.
⁃ Absence de discrimination : Les expulsions ne doivent pas viser spécifiquement un groupe ethnique ou religieux, au risque de tomber dans des pratiques de persécution ou d’épuration ethnique.
Dans notre pays nous assistons malheureusement à des pratiques d’expulsion qui violent ces principes :
⁃ Rafles massives et violations de domicile : Des descentes policières brutales sont menées, parfois en pleine nuit, dans les foyers, les lieux de travail ou les espaces publics, sans respect des procédures légales ni des droits des personnes interpellées.
⁃ Des parents peuvent etre expulsés alors que leurs enfants, parfois citoyens du pays d’accueil, restent sur place, créant des drames humains.
⁃ Usage excessif de la force : Des arrestations violentes, des détentions dans des conditions indignes et des renvois forcés sans préparation.
Ces méthodes rappellent des pratiques autoritaires et répressives, incompatibles avec les valeurs des États démocratiques. La lutte contre l’immigration irrégulière ne doit pas se transformer en une chasse à l’homme ni en une politique de terreur ciblant des populations vulnérables. Un État de droit doit allier fermeté et humanité, en veillant à ce que chaque individu, même en situation irrégulière, soit traité avec respect et justice.
Eywa : Il y a une profonde contradiction entre d’une part, adopter une politique brutale envers les personnes en situation irrégulière en lâchant « les fauves » sur elles – en usant de méthodes répressives, humiliantes et parfois violentes – et, d’autre part, chercher à projeter une image de fraternité et d’harmonie sur la scène internationale.
On nage en pleine hypocrisie diplomatique
Certains dirigeants politiques et responsables gouvernementaux cherchent à satisfaire deux objectifs contradictoires :
⁃ À l’intérieur du pays : Ils appliquent des politiques répressives envers les immigrés clandestins, souvent sous la pression de l’opinion publique ou pour répondre aux attentes de certains groupes xénophobes. Ils orchestrent des rafles spectaculaires, des expulsions médiatisées et utilisent un langage dur pour montrer leur fermeté.
⁃ À l’international : Les mêmes dirigeants tentent de masquer cette brutalité en cultivant des relations « fraternelles et cordiales » avec les pays d’origine des migrants. Ils enchaînent les appels téléphoniques, les selfies avec les représentants des communautés expulsées et les discours apaisants pour donner l’illusion d’un respect mutuel et d’une coopération équilibrée.
Cette posture est une forme d’hypocrisie diplomatique : on prétend entretenir de bonnes relations avec des nations dont les citoyens sont, en réalité, maltraités sur le terrain. Cette contradiction finit par fragiliser la crédibilité des gouvernants et expose l’hypocrisie d’un système qui se veut humaniste en apparence, mais inhumain en pratique.
Les conséquences de cette hypocrisie
⁃ Un discrédit moral et politique : Les États ou les dirigeants qui prônent officiellement la coopération et le respect, tout en appliquant des politiques brutales sur le terrain, perdent en crédibilité. Leurs discours sonnent creux face aux images et témoignages des exactions qu’ils tolèrent ou encouragent.
⁃ Une détérioration des relations diplomatiques : Les pays dont les ressortissants sont maltraités finissent par réagir. Même si les dirigeants restent prudents pour éviter la rupture diplomatique, la confiance est sapée, et les tensions peuvent ressurgir sous d’autres formes (réduction de la coopération, pressions économiques, rétorsions discrètes, etc.).
⁃ Un encouragement aux politiques répressives : En justifiant et banalisant ces pratiques, les dirigeants envoient un message inquiétant : la répression des migrants est acceptable, voire nécessaire. Cela ouvre la voie à des dérives encore plus graves, comme la montée des violences racistes et xénophobes.
Si un État veut réellement défendre des relations internationales fondées sur le respect et la fraternité, il doit s’assurer que ses actes reflètent ses discours. Cela implique :
⁃ D’adopter des politiques migratoires fermes mais respectueuses des droits humains.
⁃ De traiter les migrants avec dignité, même lorsqu’ils sont en situation irrégulière.
⁃ De privilégier le dialogue et la coopération avec les pays d’origine, sans leur imposer des mesures humiliantes sous prétexte de contrôle migratoire.
il ne sert à rien de multiplier les gestes diplomatiques de façade si, dans les faits, on traite les migrants comme des ennemis. La cohérence entre les valeurs affichées et les actions concrètes est la clé d’une politique migratoire à la fois juste et efficace.
Sy Mamadou