L’ex-président Aziz, jugé dans son pays.
L’ex-président Aziz jugé dans son pays.
Le procès de l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz doit s’ouvrir cette semaine. L’avocat français de M. Aziz, M. David Rajjou, a été interviewé par la journaliste internationale Mme Fatimetou Sow Deina à AFROMEDIACANADA sur les aspects juridiques de l’affaire.
Le ministère mauritanien de la justice a appelé des témoins dans le procès de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, ont indiqué dimanche des sources à Alakhbar, dans une affaire qui débutera mercredi prochain devant un tribunal correctionnel spécialisé dans la lutte contre la corruption.
Parmi les convoqués figuraient Mokhtar Ould Djay et Ibrahim Mbarek Mohamed Mokhtar, deux anciens ministres et anciens administrateurs de la SNIM Corporation, Abou Ould Akah, ancien directeur de la Fondation SNIM, et les hommes d’affaires Mohyedin Ahmed Saleck et Ahmed Samyou.
L’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz inculpé avec 11 coaccusés pour corruption, détournement de fonds et mauvaise gouvernance sous son administration de 2009 à 2019. Parmi ses co-inculpés figurent un de ses gendres, deux anciens Premiers ministres et plusieurs anciens ministres et hommes d’affaires.
« Il y a deux jours à peine, un type qui était sur la même liste que moi a pu voyager. C’est clair que c’est un mauvais traitement pour moi de garder ce mauvais système qui a été mal géré et qui met le pays en difficulté », a commenté Ould Abdel Aziz. .
L’ancien chef de l’État a été interpellé en juin 2021 pour non-respect des contrôles judiciaires et trouble à l’ordre public, avant d’être libéré début janvier 2022 pour raisons de santé.
En août 2020, le rapport de la commission d’enquête parlementaire, chargée de mettre au jour des allégations de corruption et de détournement de deniers publics pendant les plus de 10 ans de pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz, a été déféré à la justice, il fait valoir qu’il est protégé par l’immunité parlementaire accordée à lui par la constitution en tant qu’ancien chef d’État.
Sa défense a fait valoir qu’elle ne pouvait pas se préparer à l’audience et qu’un procès prévu pour le 25 janvier serait injuste. Or, pour Me Brahim Ould Ebety, « l’avocat de l’ancien président a obtenu le dossier. »
Le bâtonnier de l’Ordre des avocats de l’Etat a affirmé avoir contacté le greffe du tribunal qui lui a confirmé l’information : « Ils m’ont dit qu’il avait été remis il y a longtemps, et la preuve est que ces avocats n’ont pas demandé une nouvelle demande Cela explique au greffier que l’avocat a déjà le document. « , rapporte RFI.
Le Cas de l’ex-président Aziz sur SUR AFROMEDIA FRANCE
Mme Fatimetou Sow Deina à AFROMEDIACANADA a également interrogé le très célèbre Me Lô Gourmo Abdoul, membre du Collectif des avocats de l’Etat dans le dossier de la décennie. Lequel, pour rappel, interviewé par Seck Mamadou dans le Calame en juillet 2022 répondit à propos du renvoi du dossier que : « La décision du juge d’instruction de renvoyer l’affaire devant la juridiction anti-corruption marque un tournant dans la procédure engagée depuis plus d’un an pour faire la lumière et le cas échéant juger l’une des pires affaires de corruption de l’histoire de notre pays. Des centaines de milliards de nos ouguiyas partis en fumée ou plutôt dans les poches de M. Mohamed Ould Abdel Aziz et son clan, comme l’avait déjà établi la Commission d’enquête parlementaire. »
Me Lô Gourmo Abdoul estime que le procès pour corruption de l’ancien chef de l’Etat aura des ramifications considérables.
« Personne n’y croyait vraiment et le doute persiste dans beaucoup de milieux concernant la tenue de ce procès, et dans le fait qu’il puisse être équitable. Si c’est doublement le cas, ce sera une énorme mise en garde aux chefs d’Etat en exercice et aux futurs candidats à la charge suprême : celle-ci n’est pas une station-service où l’on peut se servir gratuitement des biens du peuple. Et ce sera un formidable message d’espoir à tous les défenseurs des causes justes de nos peuples. Il restera, à ce propos, l’ultime et réel combat : le retour des biens mal acquis et leur restitution au Trésor public. »