« Lettre d’un assiégé lucide à un monde devenu sourd »
Une lettre poignante d’un homme assiégé, entre famine, trahison et dignité, face au silence d’un monde complice.
Dans cette lettre bouleversante, Éléya Mohamed, vieux professeur et témoin d’une agonie collective, s’adresse à un monde devenu sourd à la souffrance des opprimés. Avec une plume à la fois poétique et acérée, il dépeint l’injustice, la trahison des siens, et l’hypocrisie internationale, tout en réaffirmant sa foi inébranlable en la justice divine.
« Lettre d’un assiégé lucide à un monde devenu sourd »
On m’a affamé. Oui, affamé jusqu’à la moelle. À tel point que mes enfants, ces chandelles tremblantes dans l’obscurité des jours, expirent lentement sous mes yeux, le ventre vide et les yeux pleins de larmes muettes. Devant moi, le spectacle n’est plus tragique, il est obscène : une agonie familiale offerte en prime-time à l’indifférence générale.
Et pendant que la famine ronge nos entrailles, de l’autre côté, les traîtres oui, ceux-là même que le sang aurait dû lier resserrent l’étreinte comme des boas fraternels. Ils m’interdisent jusqu’à l’air que je respire, érigeant des barricades et des murs visibles et invisibles pour empêcher même les oiseaux, ces messagers ailés de l’espérance, d’atteindre mon seuil. Plus rien ne passe : ni grain, ni feuille, ni murmure de compassion.
Mon président ou du moins, celui qui le prétend ne traque plus les ennemis ni leurs espions , il traque les miens. Ceux qui osent encore compatir sont surveillés, pourchassés, jetés à la meute comme on jette des miettes aux chiens. Dans cette partie de mon territoire morcelé, ceux qui me ressemblent sont exposés, vendus comme trophées diplomatiques aux hyènes qui me dévorent.
Et tous, dans un étrange ballet de cynisme bien orchestré, s’activent pour me faire plier. Capituler. Abandonner ce mot sacré : Résistance. Car paraît-il, la résistance est devenue un vocable subversif, un gros mot pour les chancelleries bien-pensantes. Il ne faut plus résister. Il faut obéir. Il faut courber l’échine, baisser les yeux, tendre la joue, offrir des cadeaux somptueux et signer les accords avec le sang séché des miens.
Leur maître à tous cet auguste monsieur Trump, parangon de la diplomatie fast-food disait que la guerre devait continuer. Car ma disparition est, paraît-il, une nécessité géopolitique. Mon effacement, une condition sine qua non de l’équilibre mondial. Que dis-je ? De la paix, bien sûr ! Celle des cimetières.
On m’ordonne désormais de survivre à condition d’accepter l’humiliation. On m’intime de vivre, mais à genoux. Et si possible, en souriant. Car le nouvel ordre mondial, cet aréopage d’hypocrisie bien coiffée, ne tolère plus ni la dignité ni la mémoire. Il ne veut plus d’hommes debout. Il lui faut des bêtes dociles, des pantins bien dressés.
On se croit chérif, on se donne des airs d’émir cosmétique, drapé dans des burnous de vanité diplomatique. Mais au fond, au tréfonds de ce miroir que l’on évite, chacun sait ce qu’il est : un chien bien tenu, une marionnette bien dressée. Un enfoiré propre sur lui.
Mais moi ?
Moi, je suis celui qui refuse.
Le dernier poil hérissé sur l’échine de l’Histoire.
Je ne vis pas selon leurs algorithmes ni leurs bulletins diplomatiques.
Moi, j’ai foi.
Et c’est là que réside leur plus grand échec. Car ma réponse, ma force, mon ancrage… viennent de mon Créateur. Celui qui dit dans Son Livre éternel :
« Ils complotent, et Allah complote, et Allah est le meilleur des comploteurs. » (wa yamkurûna wa yamkuru Allâh, wa Allâhu khayru-l-mâkirîn)
Et encore :
« La main d’Allah est au-dessus de leurs mains. » (yadu-llâhi fawqa aydîhim)
Tandis qu’eux manipulent, moi je m’abandonne à Sa sagesse. Tandis qu’ils manigancent, moi je me prosterne. Leur stratégie est court-termiste ; la mienne est éternelle.
Mon Seigneur ne m’abandonnera pas.
إن شاء الله
Et cela, aucun embargo, aucun traître, aucun président-pantin, aucun empire de la tyrannie ne pourra jamais le contrer. Car au bout de l’épreuve, il y a la Promesse.
Et cette Promesse ne trompe jamais.
Éléya Mohamed
(Les notes amères d’un vieux professeur)