Les Peuls et les Toucouleurs, l’impossible confusion.

Les Peuls et les Toucouleurs, l’impossible confusion.

Les tribalistes poulo-toucouleurs, ténors du purisme ethnique, aiment bien revisiter la généalogie pour rappeler le caractère cosmopolite de leurs compatriotes arabes qui devraient, selon leur exigence, à eux, être des purs sangs sinon ils seraient des non Arabes.

Pourtant, les Pulaars sont une ethnie particulièrement composite qui se constitue de la jonction des Peuls et des Toucouleurs, pour l’essentiel. Les deux étant, au départ, des groupes humains distincts.

Sur le plan physionomique, généalogique et historique, il est impossible de confondre un Peul et un Toucouleur, sauf si l’on tient à prendre un Sénégalais pour un Toubab.

D’abord, les traits physiques : les Peuls ont des ‘’traits somatiques particuliers, peut-être imputables à une influence génétique sémite’’ (source : Universalis) ; alors que les Toucouleurs sont de type noir soudanais, et il n’y a pas photo.

Ensuite, les Peuls étaient venus du Yémen ou de la corne de l’Afrique et ils seraient des sémites (Monteil,159). Ce qui n’est pas le cas des Toucouleurs qui, selon Cheikh Anta Diop, provenaient du haut Nil (Diop, 224).

Pour ce qui est de l’Histoire plutôt récente, la Révolution des Toros de 1776 n’était, en dernière analyse, que la revanche des Toucouleurs sur les Peuls, leurs dominateurs pendant tout le règne des Dényankobés, un soulèvement où l’Islam fut instrumentalisé pour ameuter des troupes fraîchement converties.

Mais les Peuls avaient pu bénéficier du soutien militaire des Maures, notamment les Oulad Abdalla et les Oulad Nacer, pour arracher à l’Almamy Abdelkader Kane ‘’ la partie orientale du Fouta avec les terrains de la rive droite’’(Kane,252).    

Et c’est au cours de cette guerre, que Souleymane Bal et ses hommes commirent un ethnocide d’une rare violence contre les Maures Oulad Nacer, les Chroniques du Fouta raconte :

‘’Le cheikh Suleyman-Bal partit avec les notables mentionnés plus haut et un grand nombre de gens des tribus ci-dessus énumérées, telles que celles du Ngenâr, etc., et ils tombèrent sur les ‘Ulad-Annâser au Fori- ceux-ci furent mis en déroute, tous leurs troupeaux furent capturés les hommes saisis furent tués et les petits enfants eurent la tête broyée contre les racines des arbres. Lorsque le cheikh Suleyman-Bâl vit cela, le ciel de son visage s’obscurcit d’un nuage de colère et il dit à ses gens : « Ah ! nous avons dépassé les limites fixées par Dieu le très haut!’’ (Delafosse, 40-41). 

Conclusion :

Le rétroviseur de l’Histoire n’est pas bon pour avancer, les Mauritaniens doivent regarder devant eux pour aller de l’avant. 

Ely Ould Sneiba

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