Législatives en France : le Nouveau Front populaire appelle les plus riches à « un effort de patriotisme économique »

Législatives : le Nouveau Front populaire appelle les plus riches à « un effort de patriotisme économique »
E.N. source Reuters
Publié le 20/06/2024 à 17h07 dans Boursier.com
Devant les patrons, Boris Vallaud, député socialiste sortant, a défendu les mesures de « rupture » de l’alliance de gauche, jugées irréalistes et coûteuses par les milieux patronaux…

(Boursier.com) — Alors que les représentants des principaux partis en lice pour les élections législatives ont exposé ce jeudi leur programme devant les organisations patronales, Boris Vallaud, député socialiste sortant, et Eric Coquerel, député sortant de La France insoumise (LFI) et ancien président de la commission des Finances, ont défendu les mesures de « rupture » de l’alliance de gauche, jugées irréalistes et coûteuses par les milieux patronaux.

« Vous pouvez lever la main les milliardaires, et je m’excuserai auprès de vous de l’effort que je vous demande de solidarité et de patriotisme économique » pour la mise en oeuvre du programme, a lancé Boris Vallaud, invité salle Gaveau à Paris par des organisations patronales. « Parce que vous avez bénéficié de nos écoles, parce que vous avez bénéficié de nos services publics, parce que vous avez bénéficié de nos subventions publiques, et que nous sommes dans un moment de redressement national », a-t-il justifié, évoquant une taxation supplémentaire de 1, 2 ou 3%.
« Le cadre fiscal pour les PME, c’est-à-dire pour 90% des entreprises, ne changera pas », a assuré l’ancien parlementaire des Landes, avant de poursuivre : « D’ailleurs, l’essentiel de la fiscalité que nous augmentons est sur une fiscalité sur le patrimoine des particuliers, plus que sur les entreprises ».

Le RN veut « rassurer »

« Mesurez bien une chose : le taux d’effort fiscal des milliardaires au titre de l’impôt sur le revenu est à 2%, c’est-à-dire inférieur à la première tranche de l’impôt sur le revenu. Par ailleurs, l’effort fiscal moyen des Français est à 50%, il est à 27% chez les milliardaires », a encore développé Boris Vallaud, qui cite « les travaux internationaux qui sont faits notamment dans le cadre du G20 portés par le Brésil mais aussi par la France » ou encore « ceux de l’Observatoire de la fiscalité européenne de Gabriel Zucman ».
Accusé d’atermoiements et de reniements dans son programme économique mais aussi de promesses onéreuses et difficilement réalisables, le Rassemblement national a également tenté de rassurer. « Je suis venu pour vous rassurer », a souligné le président du parti d’extrême droite, Jordan Bardella, au côté du président des Républicains Eric Ciotti, rallié au parti à la flamme. Celui qui sera nommé Premier ministre en cas de victoire du RN a affirmé qu’il serait « appelé à un principe de réalité et à un principe de responsabilité ». « Les marges financières nous obligent à faire des choix », a-t-il justifié, donnant la priorité au pouvoir d’achat, à la sécurité et à l’immigration.

« On peut avoir des doutes sur la faisabilité de certaines mesures »

L’institut Montaigne, « think tank » français qui défend une vision libérale de l’économie, a chiffré les propositions en faveur du pouvoir d’achat des trois principaux « blocs » en lice. « On peut avoir des doutes sur la faisabilité de certaines mesures », a affirmé dans ‘Les Echos’ Marie-Pierre de Bailliencourt, directrice générale de l’Institut Montaigne. Elle cite notamment la proposition du Nouveau Front populaire de porter le Smic à 1.600 euros nets, mesure qui nécessiterait un décret – signé par Emmanuel Macron – et l’adoption de textes financiers au Parlement, difficilement envisageable en l’absence de majorité absolue.
L’institut juge également incertaine la promesse du RN d’une baisse de la TVA sur les produits énergétiques, inopérante sans l’accord de Bruxelles pour le gaz et l’électricité et une renégociation de la directive européenne de 2006 fixant les seuils pour la TVA pour les carburants. Le RN prône une baisse de la TVA sur l’électricité, le gaz, les carburants et le fioul de 20% à 5,5%. Une mesure dont le coût est estimé entre 11 et 12 milliards d’euros.

A l’issue du plaidoyer des différentes forces politiques, la scepticisme et l’inquiétude dominaient chez les patrons. « On n’est pas là pour distribuer des points. On est là pour voir quelle formation politique prend le mieux en compte nos attentes. De part et d’autre, nous ne sommes pas rassurés », a résumé Patrick Martin, président du Medef, auprès de la presse.

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