Le Sénégal devient producteur de pétrole | AFP
Le Sénégal devient producteur de pétrole | AFP
Le Sénégal est entré dans le cercle des pays producteurs d’hydrocarbures avec l’annonce
mardi par la compagnie australienne Woodside Energy du début de l’extraction de pétrole du champ de Sangomar
au large des côtes africaines
« Woodside a procédé à la première extraction de pétrole du champ de Sangomar, menant à bien la livraison
du premier projet pétrolier offshore du pays », a indiqué dans un communiqué la compagnie qui opère le champ
avec la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen).
Le champ en eaux profondes, à environ 100 km au sud de Dakar, contient du pétrole et du gaz.
Le projet, dont le développement a été lancé en 2020, a nécessité environ 5 milliards de dollars
d’investissements, selon la compagnie. Il vise une production de 100.000 barils par jour.
Cette première extraction de Sangomar précède l’entrée en production d’un autre projet, celui de Grand tortue/Ahmeyim (GTA), à la frontière avec la Mauritanie, développé par le Britannique BP avec l’américain
Kosmos Energy, la Société mauritanienne des hydrocarbures (SMH) et Petrosen. Il devrait produire
environ 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an et la production pourrait y débuter
au troisième trimestre.
La production de pétrole et de gaz au Sénégal sera destinée à l’exportation et à la consommation
domestique. Elle sera loin d’atteindre les niveaux des géants mondiaux et africains comme le Nigeria.
Mais des revenus en milliards de dollars en sont attendus, ainsi qu’une transformation accélérée de l’économie.
« Le début de l’extraction du champ de Sangomar marque le commencement d’une nouvelle ère, non seulement pour l’industrie et l’économie de notre pays, mais surtout pour notre peuple », dit le directeur général de Petrosen Exploration et Production, Thierno Ly, dans le communiqué de Woodside.
La patronne de la compagnie australienne, Meg O’Neill, parle quant à elle de « jour historique pour le Sénégal
et pour Woodside ».
Le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, élu en mars, a mis à profit mardi une rencontre avec des écoliers de la banlieue de Dakar pour leur parler du début d’extraction du pétrole.
« L’Etat du Sénégal a mis en place un fonds inter-générationnel. Pour votre génération et celles
à venir, nous avons réservé des parts (dans les ressources tirées de l’exploitation du pétrole).
Nous vous rassurons. Si vous apprenez que le Sénégal a du pétrole et du gaz, (sachez que) ses parts
seront bien gérées », a dit le président Faye aux écoliers, dans une rare communication des autorités
sénégalaises après l’annonce du premier baril.
La découverte de vastes gisements de pétrole et de gaz dans l’Atlantique depuis 2014 a soulevé
des espoirs considérables dans ce pays pauvre en voie de développement. Les revenus attendus du gaz
et du pétrole sont chiffrés par Petrosen à une moyenne annuelle de plus d’un milliard d’euros sur
une période de trente ans.
– Enjeu politique –
Cette découverte a aussi suscité la crainte que le pays ne connaisse comme d’autres la « malédiction »
du pétrole, avec une manne alimentant la corruption sans profiter à la population.
Le Sénégal revendique avec force l’exploitation de ses ressources en gaz et en pétrole face aux efforts
d’une partie de la communauté internationale pour réduire la dépendance aux énergies fossiles.
La production à venir de gaz et de pétrole, plusieurs fois reportée, a été un thème majeur de la récente
campagne présidentielle qui a vu la victoire du candidat antisystème Bassirou Diomaye Faye, se réclamant
d’un souverainisme et d’un panafricanisme de gauche.
Le camp de M. Faye a fait campagne sur la promesse de revoir ou renégocier les accords pétroliers
et gaziers, miniers ou de pêche passés par l’ancienne administration et jugés défavorables au Sénégal.
Le nouveau président investi en avril a annoncé parmi ses premières mesures un audit du secteur
minier, gazier et pétrolier.
Le Premier ministre et ancien mentor de M. Faye, Ousmane Sonko, a réaffirmé dimanche la volonté
de revoir les contrats.
« C’est nous qui vous avions promis qu’on allait renégocier les contrats et nous allons le faire, et on
a même déjà commencé », a-t-il dit à Dakar devant les jeunes de son parti.
La phase initiale de Sangomar consiste en une unité flottante de production et de stockage
reliée à des infrastructures sous-marines conçues en prévision de phases ultérieures de développement.
Elle comprend 23 puits, dont 11 de production, 10 d’injection d’eau et 2 d’injection de gaz, indique
Woodside. Vingt-et-un puits sont achevés, dit-elle.
Cette phase initiale produira à partir des réserves les moins complexes et testera d’autres
réservoirs, dit-elle.
Source: AFP