Le Sahara occidental, un conflit gelé qui menace la stabilité du Maghreb

Le Sahara occidental, un c/onflit gelé qui menace la stabilité du Maghreb

Publié dans atlantico.fr le 11/09/2022

Méfait récurrent de la décolonisation, les conflits gelés n’en finissent pas d’empoisonner les relations internationales et les peuples qui en sont les otages. Ainsi, celui qui attrait au statut du Sahara occidental n’a toujours pas trouvé de résolution pérenne, après un demi-siècle d’affrontements armés et diplomatiques.
Ardavan Amir-Aslani
Le Sahara occidental, un conflit gelé qui menace la stabilité du Maghreb
avec Ardavan Amir-Aslani

Territoire désertique occupé par l’Espagne à la fin du XIXème siècle et pendant près d’un siècle, le Sahara occidental a été de facto annexé par le Maroc et la Mauritanie en 1975, lors du départ des Espagnols qui ont négligé d’organiser le référendum du peuple sahraoui, en dépit du mandat accordé par l’ONU à cette fin. Depuis lors, le Front Polisario, héritier du Front de libération du Sahara, mène une lutte armée qui a obtenu de la Mauritanie la reconnaissance de l’indépendance du territoire en 1979, mais qui a perduré face au Maroc jusqu’à l’incertain cessez-le-feu de 1991. Le référendum de la population locale, laissé à la charge de Rabat l’année suivante, n’a jamais eu lieu, laissant le statut définitif du Sahara occidental toujours en suspens. Bien que l’ONU considère le Sahara occidental comme un territoire sans administration, il est dans les faits contrôlé à 80% par le Maroc, à 20% par la République arabe démocratique sahraouie, avec pour seule frontière le « mur des Sables » marocain de 2720 km érigé dans les années 80.

Si le conflit sahraoui demeure l’un des plus anciens d’Afrique, c’est qu’on retrouve ici comme ailleurs l’éternel affrontement entre deux légitimités qui ne parviennent pas à faire valoir leur suprématie. Le Maroc justifie l’annexion du Sahara occidental par les Accords de Madrid de 1975, mais aussi par l’histoire et la tradition, les tribus nomades de la région ayant longtemps prêté allégeance aux sultans du royaume chérifien. La République arabe sahraouie démocratique, proclamée en 1976 par le Front Polisario, invoque pour sa part le simple droit à l’autodétermination des peuples et rejette les revendications marocaines comme la manifestation d’une idéologie expansionniste. Le Sahara occidental intéresse Rabat non seulement pour des questions économiques (exploitation du pétrole et des ressources halieutiques), mais aussi pour des questions de sécurité – le royaume soupçonnant les chefs Sahraouis d’avoir des liens de proximité avec les mouvements djihadistes – et de stabilité intérieure. La souveraineté sur le Sahara occidental est devenu un tel enjeu de fierté nationale et de consensus au Maroc que le roi Mohammed VI présente le dossier « comme le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international».
Source: atlantico.fr

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