Le retour du chauvinisme maure : une menace pour l’unité nationale

Le retour du chauvinisme maure : une menace pour l’unité nationale

Depuis quelque temps, un discours chauviniste maure refait surface en Mauritanie, porté par certains milieux conservateurs et nationalistes. Ce retour en force de la rhétorique de domination et d’exclusion est non seulement préoccupant, mais constitue une menace réelle pour la stabilité et l’unité du pays.

Le chauvinisme maure est une idéologie fondée sur la supériorité supposée des Maures (Beydanes) sur les autres composantes de la société mauritanienne. Il repose sur plusieurs piliers :

– L’exclusivisme ethnique et culturel : la tentative de réduire la Mauritanie à une identité strictement arabo-berbère, en niant ou minimisant la présence et l’apport des Afro-Mauritaniens.

– La domination politique et économique : la perpétuation d’un système où les postes-clés de l’État, de l’armée et de l’économie sont monopolisés par une élite issue des tribus maures.

– La négation des injustices historiques : le refus de reconnaître les discriminations, les expropriations de terres, les déportations et autres injustices subies par les Afro-Mauritaniens.

– L’exclusion des Haratines : bien qu’étant culturellement proches des Beydanes, les Haratines restent marginalisés et subissent encore des formes de servitude moderne et de discrimination.

Des propos graves qui relèvent de l’incitation à la haine

Dans ce contexte, certains discours relayés par des figures publiques, des journalistes ou des leaders d’opinion véhiculent des idées dangereuses :

– La minimisation de la présence des Noirs en Mauritanie : certains vont jusqu’à affirmer que les Afro-Mauritaniens ne sont qu’une minorité insignifiante, ce qui est historiquement et démographiquement faux.

– L’exclusion du narratif national : la tendance à effacer ou à marginaliser la culture et l’histoire des Haalpulaar, Soninké, Wolof et Haratines dans les récits officiels et les politiques publiques.

– La justification des inégalités : des discours prétendant que les postes de pouvoir doivent rester entre les mains d’une élite tribale, sous prétexte d’une prétendue “compétence naturelle”.

– L’hostilité envers les revendications égalitaires : toute demande d’inclusion ou de justice est immédiatement qualifiée de “radicalisme”, “d’extrémisme”, voire de “divisionnisme”.

Ces propos ne sont pas de simples opinions : ils constituent une incitation à la haine raciale et une remise en cause des fondements mêmes de la nation mauritanienne.

De la nécessité de poursuites judiciaires contre ces pompiers pyromanes

La Mauritanie dispose de lois interdisant l’incitation à la haine et à la discrimination raciale. Face à la montée du chauvinisme, il est impératif que ces lois soient appliquées de manière stricte.

– Les auteurs de propos incitant à la haine doivent être traduits en justice.

– L’État doit prendre ses responsabilités pour condamner publiquement ces discours et agir contre les médias ou les plateformes qui les propagent.

– La société civile doit se mobiliser pour dénoncer ces dérives et exiger une égalité réelle entre tous les citoyens.

La montée du chauvinisme maure pose une question essentielle : quel avenir voulons-nous pour la Mauritanie ?

– Soit nous acceptons un modèle de domination ethnique, où une seule communauté dicte la marche du pays, au risque d’engendrer des tensions et des conflits.

– Soit nous bâtissons un État inclusif et équitable, où chaque Mauritanien, quelle que soit son origine, a sa place et ses droits garantis.

Ce choix est crucial, et il ne concerne pas uniquement les Afro-Mauritaniens ou les Haratines : c’est la survie même de la Mauritanie en tant que nation unie et stable qui est en jeu.

Le retour du chauvinisme maure est une dérive dangereuse qui ne doit pas être tolérée. Il ne s’agit pas de simples provocations, mais d’un projet de marginalisation et de domination qui menace la cohésion nationale. Face à cela, la réponse doit être ferme : la justice, la mobilisation et la défense sans compromis de l’égalité entre tous les citoyens mauritaniens wetov