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Le Repas aux Mille Manches : Chronique d’une ville qui se relève

Chronique de Nouakchott renaissante, entre solidarité ancienne et tensions modernes. Une ville, une famille, un pays en quête de nouvel équilibre.

Chronique
Il fut un temps, pas si lointain, où Nouakchott semblait renaître, comme sortie d’un long souffle retenu. Une ville que les épreuves n’avaient pas détruite, mais qui portait en elle les marques d’un avant et les promesses d’un après. Entre deux vents — l’un de poussière, l’autre d’espoir — la capitale retrouvait peu à peu ses voix, ses regards, ses gestes.

Cette année-là, on ne parlait pas de miracle, mais de délivrance. D’un soulagement sans éclats, d’une convalescence collective. On se relevait sans bruit, comme après un naufrage muet. Certains évoquaient une crise sanitaire, d’autres une cassure sociale. Peu importait, au fond. Ce qui comptait, c’était que les mains se tendaient à nouveau. Que les maisons recommençaient à ouvrir leurs portes sans peur.

Dans cette ville en réanimation lente, l’image d’un vieux proverbe resurgit, porté par les souvenirs : « un repas aux mille manches ». Une métaphore ancienne, évocatrice d’une solidarité tribale où chacun avait sa place autour du plat, chacun sa part, chacun sa dignité. Ce symbole de partage devient ici le fil conducteur d’une chronique sensible et lucide sur une société mauritanienne en mutation.

Au centre de ce récit : la famille Zein, dépositaire d’un héritage d’entraide, mémoire vivante d’un monde où les valeurs collectives prévalaient encore sur l’aspiration individuelle. Mais déjà, dans les gestes de Zein l’ancien, dans les silences de ses enfants, les premières failles apparaissent.

« Le Repas aux Mille Manches », c’est l’histoire d’une bascule. Celle d’un peuple, d’une ville, d’un patriarche. D’un pays tout entier qui cherche son nouvel équilibre entre traditions effilochées et modernité fragmentée. Mais c’est aussi l’ébauche d’un retour possible. Car sous les ruines des liens, germent parfois des graines inattendues.

À propos de l’auteur : Ahmed Ould Bettar

Ahmed Ould Bettar est journaliste et chroniqueur mauritanien. Analyste attentif des mutations sociales et politiques de la Mauritanie contemporaine, il s’intéresse particulièrement aux dynamiques de mémoire, de solidarité et d’identité dans les sociétés sahélo-maghrébines. À travers une écriture mêlant observation journalistique et souffle littéraire, il cherche à redonner voix aux oubliés, aux silences, aux marges.

Directeur d’édition du média Rapide Info, il y publie des enquêtes, des tribunes et des chroniques qui interrogent la transformation de la société mauritanienne face aux défis du présent.

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