Le Hirak retrouve son second souffle et les Généraux algériens s’amusent

Le Hirak retrouve son second souffle et les Généraux algériens s’amusent à agiter l’épouvantail islamiste.

Ce 05 mars 2021, après la Grande Prière du vendredi, les Algériennes et Algériens ont envahi les rues dans toutes les villes et villages de l’Algérie afin de montrer leur ferme volonté de changer le régime en place et ce, malgré un imposant dispositif sécuritaire pour les dissuader de crier leur haine du régime algérien.

Aussi, en ce 107ème vendredi de manifestations, à Alger, Oran, Tlemcen, Skikda, Annaba, Tizi Ouzou, Sidi Bel Abbes, Bejaïa, Constantine, Ghardaia, Ouargla, Bordj Bou Arreridji, Tindouf et autres villes et villages il a pu être observé des centaines de milliers de manifestants scandant « y’en a marre des généraux », « moukhabart irhabia, tasqot edawla el 3askaria (Les services de renseignement terroristes, l’Etat militaire tombera) » mais aussi et surtout « Dawla Irhabia nahiwna El Djinssia (Etat terroriste, retirez nous la nationalité) » en réaction à l’avant projet de loi portant déchéance de nationalité visant les ressortissants algériens à l’étranger.

A noter que la connexion Internet 4G a été totalement coupée par les trois opérateurs dans toutes les villes algériennes afin d’empêcher quiconque d’envoyer des vidéos et infos sur les marches via les réseaux sociaux.

La révolution populaire en marche malgré les emprisonnements

Il est acquis que ni la répression, ni les emprisonnements des militants, ni la pandémie du Coronavirus n’ont réussi à venir à bout de la révolution populaire en marche depuis deux ans et de la détermination des algériens d’aller au bout de leurs revendications et l’édification d’un Etat de Droit.

Aussi, avec les manifestations massives des 19, 22 et 26 février et celles du 02 et 05 mars 2021, le Hirak a clairement affiché sa détermination à aller jusqu’au bout de son objectif principal, à savoir instaurer un Etat civil et démocratique où les militaires reviendront à leur rôle naturel de défense des frontières du pays.

Ces démonstrations de force du Hirak, au cours desquelles le peuple algérien a appelé massivement à jeter les Généraux à la poubelle, ont généré une panique au sein du régime algérien qui n’a trouvé rien de mieux que de réactualiser leur logiciel de 1991, celui de la décennie noire afin de discréditer le mouvement du Hirak.

Il est certain qu’apeuré par la reprise en force du Hirak, qui vient de faire la démonstration de sa volonté à mettre les Généraux à poubelle, le régime algérien contre-attaque avec une propagande insidieuse à savoir l’épouvantail de l’islamisme et de la décennie noire des années 90.

Pour ce faire, les Généraux algériens brandissent la possibilité d’un nouveau bain de sang en distillant à travers les médias publics et autres porte-voix à leur solde une propagande insidieuse selon laquelle des liens étroits existeraient entre le Hirak et le terrorisme et que ce serait les islamistes qui tireraient les ficelles des manifestations.

Cette assimilation fallacieuse entre contestation populaire et islamisme a non seulement outré la majorité des Algériens qui l’ont dénoncée à grande échelle sur les réseaux sociaux, mais aussi certains partis politiques algériens.

Certains médias sont même allés jusqu’à accuser le mouvement d’opposition « Rachad », dont la plupart des Chefs vivent en exil, d’être le nouveau FIS qui noyaute le Hirak et qui s’en prend aux imams pro-régime, comme celui qui a été chassé, le 26 février 2021, par les fidèles dans une mosquée de Bab El Oued.

Un Etat civil et non pas Etat militaire

Toujours dans le concert de cette bronca médiatique visant à discréditer le Hirak, le quotidien Al Moujahid, la Pravda algérienne, a sorti une attaque en règle contre le slogan-phare des hirakistes en se référant à Samir Bouakouir, présenté comme un Conseiller de l’actuel patron du Front des Forces Socialistes, qui a déclaré que « Dawla madania machi askaria(un Etat civil et non pas Etat militaire) », ce qui est bien évidemment un autre mensonge, mais cela a au moins le mérite d’insinuer sans équivoque que le pouvoir en Algérie doit rester entre les mains des militaires.

Le Hirak a, dès son déclenchement, affiché son caractère pacifique, veillant à éviter toute réédition de la décennie noire (1991-2002), où il a été prouvé plus tard que ce sont les Généraux algériens, et particulièrement le trio Khaled Nezzar, Mohamed Médiène dit Toufik, et Mohamed Lamari (mort en 2012), qui en étaient les instigateurs et anticipé le fait qu’il allait être inévitablement discrédité et accusé de tous les maux ; raison pour laquelle le Hirak s’est vite prémuni contre la propagande du régime à travers le tout premier slogan dont il ne s’est jamais départi: « Selmia, selmia (pacifique, pacifique) ».

Cela n’a pas empêché des porte-voix médiatiques à la solde du régime vert-kaki d’affirmer que ce qui passe aujourd’hui en Algérie avec le Hirak ressemble comme deux gouttes d’eau à l’atmosphère de 1991, avec les islamistes du FIS.

En vue de légitimer l’inévitable démission forcée de Abdelmadjid Tebboune, les mégaphones des Généraux établissent un parallèle entre l’actuel Président et le défunt Chadli Bendjedid, le successeur de Houari Boumédiène, démissionné par les Généraux en janvier 1992, après 18 ans au pouvoir.

La réactualisation de l’épouvantail de la décennie noire et de la menace islamiste prouve l’immobilisme d’un régime en panne d’idées. Même pour discréditer le Hirak, les pontes du régime réchauffent une recette qui date de 30 ans.

Cela apporte une preuve supplémentaire de l’impéritie des gérontocrates cramponnés au pouvoir. Ils ne doutent même pas de l’inefficience totale, voire du ridicule, de leur recette. A la veille de la célébration du deuxième anniversaire du Hirak, le régime avait essayé de faire peur aux manifestants en exhibant à la télévision un terroriste repenti, portant le nom d’Abou Dahdah.

La trouvaille de la terreur islamiste marque une rupture radicale entre un peuple jeune, dynamique, porté vers l’avenir, et un pouvoir immobile enraciné dans des schémas datant d’avant la chute du mur de Berlin.

Déchéance de la nationalité algérienne

Reste à savoir jusqu’où peuvent aller les militaires pour se maintenir au pouvoir. La menace de la décennie noire montre que les Généraux algériens n’écartent pas l’hypothèse d’un bain de sang et ce, à la veille du mois sacré de Ramadan qui s’annonce des plus mortifères pour le peuple algérien.

Autre perle des caporaux algériens, celle de déchoir de sa nationalité tout ressortissant commettant à l’étranger des « actes préjudiciables aux intérêts de l’État », selon un avant-projet de loi présenté, le 03 mars 2021, par le Ministre algérien de la Justice.

Une proposition qui prévoit plusieurs cas de figure susceptibles de conduire à la déchéance de la nationalité algérienne, acquise ou d’origine. Ainsi, se verrait déchue de sa nationalité toute personne « qui commettrait en dehors du territoire national, des actes portant volontairement de graves préjudices aux intérêts de l’État ou qui portent atteinte à l’unité nationale ».

Mais c’est ce foutre de la tête du monde, puisque seuls les caporaux algériens sont aptes à passer à la trappe pour être jugés ainsi que leurs larbins de civils pour avoir trahi leur pays depuis l’indépendance, à savoir 1962.

Au fait, au lieu de servir le peuple algérien, les caciques du régime se servent en premier puisque que ce qui devrait être un bien commun est considéré par les dignitaires algériens comme une propriété privée.

L’Algérie est le pays où les passe-droits et le « larbinisme » sont toujours de mise pour bénéficier de privilèges indus pour s’élever dans les hiérarchies sans avoir les compétences.

Pour les Algériennes et Algériens, cette attitude est une raison supplémentaire de maintenir la pression sur le régime grâce au Hirak qui a repris ses manifestations qui constituent un parfait démenti à la déclaration télévisée de Tebboune faite le 01 mars 2021 dans laquelle il affirmait mensongèrement que toutes les revendications du Hirak ont été quasiment satisfaites. Ouh ! Le menteur de Tebboune.

Farid Mnebhi.

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