Le fait du jour : Guerre et clarification de la coopération

Unis contre le terrorisme, les pays membres du G5 Sahel tiennent à Pau, ce 13 janvier, chez leur partenaire stratégique, la France, une réunion de clarification de leur coopération. Programmée au mois de décembre passé, cette rencontre avait été reportée à la suite de l’attaque terroriste d’Inates, au Niger, dans laquelle plus de soixante-dix soldats de ce pays avaient perdu la vie.

Si les dirigeants des six pays concernés : Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, Mauritanie, France, ont choisi de se pencher sur le thème de la clarification, c’est qu’ils ne parlent plus le même langage, ou néanmoins écoutent des sons discordants émis dans certaines de leurs capitales respectives. Ils émanent des milieux devenus hostiles, voire sceptiques devant le résultat qu’ils estiment minimes à ce jour dans la guerre, pourtant de longue haleine, déclarée contre les groupuscules terroristes actifs dans la vaste région sahélo-saharienne.

Il n’est pas certain que ceux qui s’en prennent à l’absence de perspectives du G5 Sahel mesurent à sa juste valeur le sacrifice qu’un tel engagement des forces sur un front aussi complexe coûte. Ont-ils, peut-être, raison d’être pressés de voir les armées régulières, les contingents de la mission onusienne et de l’opération française Barkhane venir à bout de l’ennemi dans un laps de temps qu’ils voudraient court au regard des souffrances qu’endurent les populations.

De ce qui précède, il ne faut pas s’attendre à ce qu’à la rencontre de Pau, les chefs d’Etat africains invités décrètent la fin du partenariat avec la France. Au contraire, ils plaideront la montée en puissance des effectifs et des moyens à la disposition de leur allié, solliciteront qu’en dehors de ce dernier l’Union européenne, par exemple, prenne fait et cause pour la coalition contre le terrorisme au Sahel d’autant plus qu’il est prouvé que la menace actuelle est transatlantique.

Les chefs d’Etat du G5 Sahel ont-ils obligation de répondre, de quelque manière que ce soit, aux nombreux détracteurs, pour qui la présence militaire française dans le conflit de la région obéît à des préoccupations néocoloniales ? Il semble qu’en la circonstance, le mieux à faire pour eux seraient de ne pas perdre du temps dans les polémiques, car sur ce terrain-là, l’Afrique elle-même est toujours exposée à des critiques de tous genres venues de l’extérieur. Quand elle n’est pas présentée comme le continent voué aux dictatures aveugles, elle est livrée à des prédictions de violences sans fin, alors qu’y se dessine, malgré tout, l’espoir qu’elle s’en sortira un jour.

L’expérience a montré qu’une guerre asymétrique comme celle qui a cours aux frontières des pays du G5 Sahel ne se gagne pas en un jour, qu’elle ne se gagne presque pas. C’est pour cela sans doute que dans le bouquet des exhortations de sortie de guerre, la France déclare ne pas muscler sa présence sur toute la ligne. Dans sa gibecière se trouveraient aussi des projets de développement pour donner le change au tout-armé. Sans monnayer la souveraineté de leurs Etats, sans oublier d’inscrire le dialogue dans leurs agendas pour aboutir un jour à la paix des braves, les partenaires africains de l’ancienne puissance coloniale gagneraient à capitaliser sur cette démarche développementaliste, s’ils veulent voir le sourire éclairer les visages des plus démunis, chez qui la nébuleuse terroriste trouve des relais.

Gankama N’Siah

Agence d’Information d’Afrique Centrale

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