Culture

Le coup d’État de 1978 en Mauritanie : un tournant silencieux de l’histoire politique

Histoire
Le coup d’État de 1978 en Mauritanie : un tournant silencieux de l’histoire politique

Le 10 juillet 1978, la Mauritanie vivait l’un des moments les plus marquants de son histoire contemporaine, un coup d’État militaire pacifique qui allait bouleverser la trajectoire politique du pays. Ce renversement de pouvoir, mené sans effusion de sang, marquait la fin d’une ère et l’ouverture d’un nouveau chapitre pour la nation mauritanienne.

Le contexte : une Mauritanie en crise

La Mauritanie, indépendante depuis 1960, traversait une période particulièrement difficile au moment du coup d’État. Le président Moktar Ould Daddah, au pouvoir depuis l’indépendance, avait pris des décisions controversées, notamment son engagement dans la guerre du Sahara occidental, lancée en 1975. Cette guerre, qui opposait la Mauritanie au Front Polisario soutenu par l’Algérie, avait non seulement engendré de lourdes pertes humaines, mais aussi aggravé la situation économique du pays.

L’économie mauritanienne, déjà fragile, avait été mise à mal par les coûts de cette guerre, ce qui avait plongé le pays dans une crise profonde. Les protestations populaires et les mécontentements au sein de l’armée se sont intensifiés au fil des années, d’autant plus que la gestion du conflit et de l’économie par le président Daddah semblait de plus en plus inopérante.

Le coup d’État : une transition sans violence

Le coup d’État du 10 juillet 1978 a été mené par un groupe d’officiers de l’armée, sous la direction du colonel Moustapha Ould Mohamed Saleck, alors Chef d’état-major de l’armée. Ce groupe, appelé le Comité militaire pour le redressement national (CMRN), était composé de 20 membres, parmi lesquels des figures influentes de l’armée mauritanienne. Le renversement de Moktar Ould Daddah a été exécuté dans une atmosphère étonnamment calme. Aucun coup de feu n’a été entendu à Nouakchott, la capitale, et aucune victime n’a été rapportée. Le changement de pouvoir s’est donc fait sans la violence qui accompagne souvent ce genre d’événements, un fait marquant dans l’histoire des coups d’État militaires.

Après le coup d’État : une nouvelle ère politique

Le colonel Moustapha Ould Mohamed Saleck a pris les rênes du pays en tant que président du CMRN. La junte militaire a promis un redressement national, mais son arrivée au pouvoir a marqué la fin d’une époque pour le président déchu, Moktar Ould Daddah, qui a été incarcéré pendant un certain temps avant de pouvoir s’exiler.

L’ancien président a finalement obtenu l’autorisation de quitter le pays en août 1979, après une période d’emprisonnement. C’est ainsi qu’il s’exila en France, où il vécut loin des affaires politiques de son pays natal. Ce n’est qu’en 2001, après plus de deux décennies d’absence, qu’Ould Daddah fut autorisé à revenir en Mauritanie, un retour marquant la fin d’une longue parenthèse dans sa vie et dans celle de la Mauritanie.

L’héritage du coup d’État de 1978

Ce coup d’État silencieux de 1978 a eu des conséquences profondes sur le paysage politique et économique de la Mauritanie. Il a mis fin à la présidence de Moktar Ould Daddah et a marqué un tournant dans la gestion de la guerre du Sahara occidental. L’instabilité politique a continué d’affecter le pays pendant de nombreuses années, avec plusieurs autres coups d’État et régimes militaires qui se sont succédé.

Pourtant, l’événement du 10 juillet 1978 demeure un symbole d’un changement de pouvoir qui, bien que radical, a évité le bain de sang souvent associé aux transitions politiques violentes. Si le CMRN a pris des mesures pour stabiliser le pays, la Mauritanie a continué d’évoluer sous des régimes militaires jusqu’à la fin des années 2000, quand elle a amorcé une transition vers un gouvernement plus démocratique.

Le coup d’État de 1978 reste ainsi un épisode clé de l’histoire de la Mauritanie, un événement sans grande effusion de sang, mais qui a ouvert la voie à une nouvelle gouvernance qui, malgré ses défis, a façonné l’avenir politique de la Mauritanie.

Articles similaires