Le 3 mai : dans les méandres de la liberté de la presse

Dans les méandres de la liberté de la presse

Le 3 mai est la Journée mondiale de la liberté de la presse. C’est un grand jour qui pourrait attirer l’attention sur le sort des journalistes. Aujourd’hui, la liberté de la presse est assiégée partout dans le monde. Au plus tard le samedi 15 avril 2023 en Haiti, un journaliste travaillant pour Radio Télé INUREP a été assassiné.

Selon Reporters sans frontières (RSF), depuis début avril, plus de dix-sept (17) journalistes palestiniens ont été agressés ou gênés par les forces d’occupation.
On assiste à un silence catastrophique des intervenants. À Nouakchott, les forces de sécurité ont arrêté notre collègue Saleck Zeid pour des propos diffamatoires qu’il a tenus sur Facebook.

Les rapports critiquant la police ne seront plus tolérés. C’est aussi une situation difficile de rapporter objectivement les réalités puisque le principal ennemi des médias mauritaniens n’est pas seulement les poursuites en diffamation.
Des mesures ont été prises pour dépénaliser les crimes journalistiques et assouplir les cadres juridiques répressifs, mais les journalistes restent dans un état d’extrême pauvreté qui encourage la collusion, les préjugés ou l’autocensure.

De plus, une explication claire de ce qui constitue une menace pour la sécurité n’est souvent pas fournie. Aujourd’hui, sous le couvert de ces menaces, des tentatives sont faites pour imposer des restrictions aux médias.

Au Sénégal, voisin, un reporter de télévision privée a été inculpé d' »outrage au tribunal » et de « diffusion de fausses nouvelles » et emprisonné.

À l’échelle mondiale, 86 journalistes et professionnels des médias seront tués en 2022 – un tous les quatre jours selon l’UNESCO – soulignant les graves risques et les énormes vulnérabilités auxquels les journalistes continuent d’être confrontés dans l’exercice de leurs fonctions.

Toutefois, les sanctions pour les meurtres de journalistes sont minimes. Dans ce contexte, plusieurs personnes ont été arrêtées au Cameroun, accusées d’être impliquées dans le meurtre d’un journaliste enlevé puis tué après avoir été manifestement torturé mi-janvier, symbolisant l’assassinat de professionnels des médias faisant leur travail.
Il est important ici que non seulement des ONG comme RSF, mais aussi des organisations internationales comme les Nations unies et des gouvernements conscients aient accordé de l’importance à la question de la liberté de la presse.

World Press Freedom Index, qui évalue les conditions d’exercice du journalisme dans 180 pays, montre l’impact désastreux du chaos informationnel (un espace numérique mondialisé et dérégulé qui favorise la désinformation et la propagande) en 2022.

Dans une société démocratique, le développement des médias d’opinion à la Fox News et la banalisation des circuits de désinformation, amplifié par la fonctionnalité des réseaux sociaux, a conduit à une division accrue.

Sur le plan international, d’une part, les démocraties sont fragilisées par des asymétries entre sociétés ouvertes et régimes autoritaires qui contrôlent leurs médias et leurs plateformes tout en menant des guerres de propagande. Aux deux niveaux, cette double polarisation est un facteur de tension accrue.

Ahmed Ould Bettar

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