Il ne fallait pas avoir caillassé ses compatriotes pour deux heures d’arabe au lycée !

Débat sur la langue arabe, le plurilinguisme et le nationalisme ethnique en Mauritanie : entre devoir national, identité et cohésion de l’État.
La question linguistique ressurgit avec force dans le débat public mauritanien, révélant des tensions profondes entre identité nationale, pluralité culturelle et revendications communautaires. À travers une critique frontale du nationalisme ethnique et des appels au plurilinguisme institutionnel, cet article interroge la capacité de la langue arabe, seule langue officielle du pays, à demeurer un facteur d’unité nationale face aux logiques de repli identitaire et aux pressions politiques contemporaines.
Il met en lumière les contradictions de certains discours politiques qui invoquent la diversité tout en refusant l’effort d’intégration linguistique.
En filigrane, c’est la question du vivre-ensemble, de l’égalité citoyenne et de la cohésion de l’État qui est posée.
La Mauritanie peut-elle préserver son unité sans céder aux fragmentations identitaires ?
Il est malvenu que les nationalistes poulo-toucouleurs prônent le plurilinguisme, car ils ont toujours combattu la langue arabe, qui est l’unique langue officielle de leur pays.
En tant que parlementaires, ils portent des casques de traduction. Lorsqu’ils exercent le poste de ministres, ils reçoivent une communication en français à chaque réunion hebdomadaire du gouvernement. Et lorsqu’ils sont présents à une réunion ou à un meeting, ils se mettent à crier : ‘Traduction, traduction, vous n’êtes pas seuls, il y a des Noirs avec vous !’
Malgré cela, la grande majorité des Mauritaniens ont choisi l’arabe comme langue officielle, et aucun citoyen ne devrait être dispensé de ce devoir national, qu’il soit de race noire ou non.
Or, les prétendus démocrates, qui soutiennent la diversité culturelle, ne parviennent toujours pas à articuler une seule phrase en arabe populaire, même avec un accent africain, bien que cela ne demande pas de fréquenter les bancs.
Quel est le Maure qui vit au Mali sans parler le bambara, ou au Sénégal sans pouvoir s’exprimer en wolof ?
C’est précisément cela, le chauvinisme, qui s’inscrit dans le nationalisme étroit.
En plus, si une seule langue ne parvient pas à rassembler la population d’un pays, l’ajout de trois autres ne ferait qu’accentuer la confusion.
Dans le cas où cette officialisation serait obtenue, cela permettra simplement aux nationalistes pulaars, en raison du statut de langue officielle attribué à leur langue, de rejeter l’arabe de manière légitime. Ils répliqueront : pourquoi est-ce que vous devriez nous imposer la langue arabe ? Qu’est-ce qui vous empêche, vous, de ne pas utiliser le pulaar ? Est-ce qu’il ne s’agit pas d’une langue officielle, oui ou non ?
Blocage en perspective !
En ce qui concerne les Maliens, l’officialisation de la vingtaine de langues nationales récemment n’est qu’une simple saute d’humeur, tout juste une réaction épidermique à l’égard des Français dans un contexte trouble au Sahel, où il y a un fort sentiment anti-français. En revanche, la langue française est la seule langue officielle des autres pays de l’Afrique de l’Ouest.
Quant au cas nord-africain, les Amazighs ne sont pas comparables aux Négro-Africains. Ils parlent l’arabe et ne préconisent pas la ghettoïsation linguistique pour des raisons de repli identitaire.
Donner des leçons, c’est facile, mais montrer l’exemple, c’est difficile. Cela demande de la tolérance, ne pas avoir caillassé ses compatriotes pour deux heures d’arabe au lycée, et surtout du patriotisme ethniquement désintéressé, ce que les nationalistes étroits ne possèdent pas. Ils ne se préoccupent que des intérêts de leur race.
Enfin, les États africains font référence à l’africanité plutôt qu’à l’ethnicité, et aucun d’eux n’est défini comme Peul ou Toucouleur.
La Mauritanie devrait-elle être une exception ?
En tout cas, les nationalistes pulaars, qui ne peuvent pas fragmenter les identités ailleurs, exercent une forte pression sur cet État arabe qu’ils perçoivent comme le maillon faible.
Ely Ould Sneiba
Le 22 décembre 2025



