L’ancien président Ould Abdel Aziz, jugé pour enrichissement illicite
L’ancien président Ould Abdel Aziz, jugé pour enrichissement illicite
Ahmed Ould Bettar, le 26 janvier 2023 à 23 heures GMT
Le procès de l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a débuté mercredi 25 janvier.
Il a été jugé avec plus d’une douzaine de coaccusés pour corruption, blanchiment d’argent et enrichissement illicite.
Le procès est le résultat de trois ans d’enquête et de procédures judiciaires.
Ould Abdel Aziz et ses co-accusés sont jugés pour de multiples chefs d’accusation, notamment d’enrichissement personnel, de blanchiment d’argent et de trafic d’influence.
Parmi la douzaine d’inculpés figurent d’anciens ministres et hommes d’affaires, qui ont tous travaillé avec l’ancien président pendant son administration.
Formation d’une commission d’enquête parlementaire
L’incident a commencé début 2020 avec la formation d’une commission d’enquête parlementaire chargée de découvrir l’attribution de plusieurs marchés publics douteux,
ainsi que la société nationale industrielle (SNIM) ou la Société mauritanienne d’électricité (Somelec).
Le rapport de la commission ciblait l’ancien président comme étant le principal décideur d’un vaste système de détournement de fonds publics.
Mohamed Ould Abdel Aziz, 66 ans, se serait constitué un patrimoine et un capital estimés à 67 millions d’euros au moment de son inculpation en mars 2021.
Sans nier être riche, l’ancien président a refusé de s’expliquer sur l’origine de sa fortune et, depuis qu’il est poursuivi, il n’a de cesse de dénoncer publiquement un « procès politique ».
Procès « politique » ou pas, il faut briser le secret derrière la fortune!
Il y a encore deux semaines, dans une intervention en direct sur sa page Facebook,
il fustige l’actuel président Mohamed Ould Ghazouani, accusant aussi de corruption des membres de son gouvernement.
Le rapport de la comission positionne l’ancien président comme un décideur clé dans un système tentaculaire de détournement de fonds publics.
Ould Abdel Aziz, 66 ans, aurait amassé des avoirs et des capitaux estimés à 67 millions d’euros lors de sa mise en examen en mars 2021.
Je dois répéter quelque fois pour permettre à certains visiteurs qui ont la mémoire trop courte ce qu’ils doivent retenir de cette affaire.
L’ancien président n’a pas nié qu’il était riche, mais a refusé d’expliquer la source de sa richesse. Depuis son inculpation, il a dénoncé publiquement à plusieurs reprises le « procès politique ».
Dans une intervention en direct sur sa page Facebook, il y a deux semaines, il a fustigé l’actuel président, Mohamed Ould Ghazouani, et accusé des membres de son gouvernement de corruption.
« Combat à cheval » entre l’ex- président et son successeur
Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a fait une partie de sa carrière dans l’armée, a pris le pouvoir en 2008 à la suite d’un coup d’État.
Il a ensuite été élu président en 2009 et réélu en 2014, avant de passer le relais à Mohamed Ould Ghazouani en août 2019.
Ce dernier est considéré par les observateurs les moins avertis comme le dauphin de l’ancien président Aziz.
Il a longtemps été son chef d’état-major avant d’être son ministre de la Défense en 2018-2019.
Depuis son arrivée au pouvoir, l’actuel président Ghazouani a cherché à s’émanciper de son prédécesseur.
Il s’est rapproché de l’opposition et de la société civile.
Les premières tensions entre les deux +chevaliers des changements+ sont apparues lorsque son prédécesseur a tenté fin 2019, en vain, de mettre la main sur le parti au pouvoir, l’Union pour la République (UPR).
Ce parti au pouvoir est transformé aujourd’hui en « El Insaf » (Équité).
Corruption, dégoûtant !
Quoi qu’il arrive, « cela ne veut pas dire que le problème sera éradiqué », a déclaré à RFI Mohamed Abdellahi Bellil, président de l’Observatoire mauritanien de lutte contre la corruption.
« La corruption n’existe pas qu’au niveau des institutions étatiques, elle ronge la société elle-même » : En 2021, le pays reste classé 140e sur 180 pays par l’ONG Transparency International.
Rien n’indique à ce stade la durée du procès : Mohamed Ould Abdel Aziz et ses co-accusés risquent jusqu’à 20 ans de prison.
Alors que d’importantes élections municipales, régionales et législatives auront lieu en mai, l’affaire est suivie de près par la société civile.
En mai 2021, après l’enquête parlementaire, 14 organisations se sont réunies dans une Alliance nationale de lutte contre la corruption, qui s’est portée partie civile.
« C’est une première dans l’histoire de la Mauritanie et peut-être même dans celle du monde arabe qu’un ancien président s’explique sur son enrichissement », a indiqué à l’AFP l’un des avocats représentant l’État, Me Brahim Ebetty.
La défense de l’ancien président Aziz s’inquiète de son côté d’un procès qui ne serait pas équitable.
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