Accueil |

La tempête des critiques : les défis du gouvernement de Moctar Ould Diay en Mauritanie

La tempête des critiques : les défis du gouvernement de Moctar Ould Diay en Mauritanie

Depuis sa nomination en tant que Premier ministre de Mauritanie, Moctar Ould Diay et son gouvernement font face à une vague de critiques concernant la performance de plusieurs ministres. Ces critiques, relayées par les médias et les réseaux sociaux, reflètent les attentes croissantes de la population envers une meilleure gouvernance.

La Sécurité Alimentaire dans la tourmente

Parmi les ministres les plus critiqués figure la Commissaire à la Sécurité Alimentaire, accusée de pratiques de recrutement népotiques. En janvier 2024, des documents circulant sur les réseaux sociaux ont mis en évidence des irrégularités dans les processus d’embauche, provoquant un tollé dans l’opinion publique. Le portail  CRIDEM a également rapporté ces accusations, soulignant l’impact négatif de ces pratiques sur la confiance des citoyens. Ces révélations ont renforcé les appels à une plus grande transparence dans la gestion des ressources publiques.

La modernisation numérique sous pression

De son côté, le ministre de la Transformation Numérique et de la Modernisation de l’Administration, Ahmed Salem Bede Etvagha, a été interpellé pour la qualité jugée insatisfaisante des services de télécommunications en Mauritanie. Lors d’une conférence de presse en mars 2024, des chiffres présentés par l’ONG ESSADA INFO ont révélé que près de 60 % des utilisateurs de services mobiles exprimaient leur insatisfaction, notamment en ce qui concerne l’accès à Internet et la qualité des appels. Ces lacunes ont souligné le besoin urgent de moderniser les infrastructures numériques et d’offrir des services de meilleure qualité.

Les médias et la culture : Entre réformes et tensions

Le ministre de la Culture, des Arts, de la Communication et des Relations avec le Parlement, Houssein Medou, n’échappe pas non plus aux critiques. Bien qu’il ait annoncé en septembre 2024 une augmentation des allocations pour le Fonds de la presse privée et une amélioration des conditions de travail des employés des médias publics, des observateurs considèrent ces mesures comme insuffisantes pour résoudre les problèmes structurels du secteur médiatique. Ces initiatives n’ont pas empêché des tensions avec la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA), qui a sanctionné deux médias locaux, Anbaa et Taqadoum, pour « atteinte à l’Algérie ». Le 10 mars 2024, ces publications, jugées à la solde du Maroc, ont été suspendues pour une durée de 60 jours, alimentant des débats sur la liberté de la presse et les ingérences politiques.

Malgré leur rôle crucial dans la promotion de la démocratie et de l’information publique, les médias privés en Mauritanie continuent de faire face à une situation financière précaire. Le Fonds d’appui à la presse, annoncé comme une mesure essentielle pour soutenir ce secteur, tarde à être déployé, laissant de nombreuses rédactions en difficulté. Cette attente prolongée a intensifié les critiques envers la volonté politique du gouvernement de garantir un paysage médiatique diversifié et indépendant.

L’opposition et le ministère de l’Intérieur sous le feu des critiques

Le ministre de l’Intérieur fait également face à une opposition farouche, notamment concernant le projet de loi sur les partis politiques. Ce projet, perçu par les partis d’opposition anti-système comme une tentative de restreindre les libertés politiques et d’affaiblir les mouvements contestataires, a suscité de vives protestations. Lors d’une session parlementaire en décembre 2024, plusieurs représentants de l’opposition ont critiqué le gouvernement pour son manque de concertation et de dialogue avec les partis concernés. Cette controverse révèle les tensions croissantes entre l’État et les forces politiques qui aspirent à une gouvernance plus participative.

Les défis du ministère de l’Éducation

Le ministère de l’Éducation n’est pas en reste. Les enseignants et les syndicats éducatifs ont exprimé leur insatisfaction face à des conditions de travail jugées déplorables et à une réforme éducative considérée comme inadéquate. En février 2024, une grève nationale des enseignants a paralysé plusieurs établissements scolaires, réclamant une augmentation des salaires, des investissements accrus dans les infrastructures éducatives, et une meilleure gestion des programmes scolaires. Cette mobilisation a mis en évidence les carences structurelles du système éducatif, alors que les étudiants continuent de souffrir d’un accès limité aux ressources essentielles et à une qualité d’enseignement souvent inférieure aux standards régionaux.

Vers des réformes attendues

Ces critiques, adressées aux membres du gouvernement de Moctar Ould Diay, illustrent les défis persistants auxquels le pays est confronté. Transparence dans les processus de recrutement, amélioration des services publics, respect des libertés fondamentales, et réforme du système éducatif figurent parmi les revendications principales de la population.

En réponse, des réformes concrètes et des mesures audacieuses sont attendues pour rétablir la confiance et promouvoir une gouvernance inclusive. Le gouvernement devra également renforcer ses efforts pour accélérer la modernisation des infrastructures, garantir une meilleure gestion des fonds publics, et encourager un dialogue ouvert avec les médias privés et la société civile.

Rapide info

Articles similaires