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La république des éditorialistes improvisés

La république des éditorialistes improvisés
Grâce aux réseaux sociaux et à leurs vidéos, plus besoin de passer par Sciences Po ou une école de journalisme ou d’avoir une longue carrière : désormais, tout le monde est éditorialiste. L’un s’improvise philosophe du dimanche, l’autre moraliste de cuisine, le troisième gardien du temple de la vertu publique… bref, la planète est devenue une gigantesque rédaction ouverte 24h/24. Avec un simple smartphone bon marché on croit avoir accès à toute la connaissance du monde.
Le vrai coup de grâce est venu avec l’IA. Avant, il fallait au moins aligner deux phrases sans faute pour se faire passer pour un penseur. Aujourd’hui, même les imbéciles les plus patentés peuvent faire générer des textes cohérents, des arguments qui tiennent la route, et même des punchlines calibrées. Résultat : chaque fil Facebook ou WhatsApp ressemble à un éditorial du Monde… sauf qu’il est signé par Abdellahi ou Tata Fatou, entre deux vidéos de moutons engraissés pour la Tabaski ou de dégustation d’un plat dégoulinant de graisse.
Et en Mauritanie, c’est encore plus savoureux : nous sommes un peuple disert, intarissable. Ici, chacun croit tout savoir… alors qu’en réalité, personne ne sait rien. On disserte sur l’astrophysique en confondant la Voie lactée avec la Voie de Nouakchott–Rosso ». On donne des conseils de médecine : « Bois du lait de chamelle, ça soigne le diabète et le Covid ensemble ! On réinvente l’histoire : « Platon ? Ah oui, c’était un griot de l’Adrar ! » Quant à la géographie, inutile d’en parler : certains vous placent le Nil à Boutilimit et font commencer l’Empire du Ghana à Tichitt pour finir à Nouadhibou.
Bref, hier, on avait « le café du commerce » ; aujourd’hui, c’est « le serveur du cloud » … et il ne ferme jamais.

Moussa Samb Sy

Mauriweb

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