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La question ethnique est un défi commun sous-régional.

La question ethnique est un défi commun sous-régional.

À Nouakchott, ceux qui s’intéressent à la question du nationalisme pulaar transfrontalier ont appris l’arrestation d’un journaliste sénégalais pour incitation à la haine ethnique. M. Top a été mis en détention pour avoir prétendu que les Poulo-Toucouleurs ‘’ont un projet bien réfléchi pour dominer la sous-région’’.
Au-delà de la situation sénégalaise, l’ambition utopique des ethnocentristes pulaars de gouverner la sous-région n’est pas vraiment nouvelle.
En effet, les présidents Senghor, Sékou Touré et Mouawiya, tous les trois, avient affirmé avoir échappé à des tentatives de coup d’État dans leurs pays respectifs. Néanmoins, si l’opinion sénégalaise voyait l’affaire Mamadou Dia comme un complot senghorien visant à éliminer son adversaire politique, les cas guinéen et mauritanien sont avérés et incontestables. En Guinée, c’était le général De Gaulle qui avait cherché à égorger le ‘’mouton noir’’, le rebelle Sékou Touré, pour avoir dit non au colonialisme français.
En Mauritanie, les choses sont plus claires, non cousues de fil blanc : le nationalisme pulaar a pignon sur rue. Il était massivement présent au sein de l’armée et avait tenté son coup. Et en matière d’implantation, le nationalisme pulaar regroupe des partis politiques , tels que l’AJD et le FPC, un mouvement de libération semi-clandestin (FLAM), et de nombreux autres groupes militants déclarés, en plus d’une forte diaspora résidant en Europe et aux États-Unis, qui fait feu de tout bois afin de ternir l’image de marque de la Mauritanie et, en interne, de la pousser à la guerre civile.
Toutes ses forces subversives ont pour projet politique, écrit noir sur blanc, la lutte même armée pour reconquérir le pays de leurs ancêtres spolié par les Beïdanes.
Dans cette perspective, les nationalistes pulaars avancent les mêmes arguments que ceux utilisés contre les Peuls par les Malinkés en Guinée :
Autochtones contre allochtones, Noirs contre Basanés, et traits fins contre un somatique négro-africain.
Il y a tout de même un problème : les Toucouleurs, et encore moins les Peuls, ne sont pas les premiers habitants de la Mauritanie.
En réalité, ce sont les Bafours, les Soninkés et les Guirganké qui étaient les premiers habitants de cette région.
Oui, à une époque, les Peuls et les Toucouleurs étaient des populations qui venaient d’arriver, suivies et précédées par d’autres populations. C’est de cette manière que les mouvements de peuplement des pays ont eu lieu.
Conseils par solidarité musulmane : les Wolofs, les Sérères et les autres ethnies du Sénégal ne vont pas accepter que les nationalistes pulaars sèment la discorde chez eux.
En Mauritanie, l’incitation à la haine raciale est tolérée voire encouragée, contrairement à ce qui se passe dans le pays des Jambars.
Ici, on est élu représentant du peuple à l’Assemblée nationale juste parce qu’on a insulté copieusement les Maures et poussé à leur haine.
Ici, on se bat contre le pays avec des armes, et on y revient avec l’honneur de la lutte ethnique sans être préoccupés, recevant plutôt des cadeaux financiers et politiques.
Est-ce le résultat d’une grande tolérance, d’un je-m’en-foutisme flagrant, ou d’une peur paralysante ?

Ely Ould Sneiba
Le 16 mars 2025

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