Culture

La question des hiérarchies sociales et des groupes serviles chez les Bidân de Mauritanie

La question des hiérarchies sociales et des groupes serviles chez les Bidân de Mauritanie.
Dr Mariella Villasante Cervello
La question des hiérarchies sociales et des groupes serviles chez les Bidân de Mauritanie

LA QUESTION DES HIÉRARCHIES SOCIALES ET DES
GROUPES SERVILES CHEZ LES BIDÂN [ARABOPHONES] DE
MAURITANIE
Mariella Villasante Cervello

Instituto de democracia y derechos humanos de la Pontificia Universidad Católica del Perú
[academia.edu, mars 2017]
[Contribution au livre : Groupes serviles au Sahara. Approche comparative à partir du cas des
arabophones de Mauritanie, M. Villasante (dir.), Paris, CNRS-Éditions, 2000 : 277-322]
Par l’expression euphémisée du “problème des séquelles de l’esclavage”, l’on entend
couramment évoquer la situation actuelle des groupes serviles en République Islamique de
Mauritanie. Il est ainsi question, tant sur le plan officiel, que sur le plan de la recherche
fondamentale, du “phénomène d’esclavage” parfois associé à une question de “mentalités”.

Certes, comme le souligne Pierre Bonte (1998c : 157), la notion d’esclavage dans la société
mauritanienne est “infiniment plus complexe que ce que pourrait en conclure une vision
empruntée à la vulgus occidentale.” Dans l’espace social connu aujourd’hui sous le nom de
République Islamique de Mauritanie, l’esclavage tel qu’il est couramment conçu et perçu par
les occidentaux —associé aux systèmes esclavagistes des sociétés anciennes ou modernes, et
surtout à la traite négrière aux Amériques—, a des fondements complètement distincts.

En effet, contrairement aux systèmes économiques et sociaux esclavagistes, fondés sur l’utilisation d’une
main d’œuvre servile, étrangère aux populations locales, et utilisée prioritairement dans les
systèmes de plantations d’agriculture extensive, développés sur des terres privées, dans les
systèmes démographiques réduits des sociétés pastorales [Klein 1998 : 4] tel la société Bidân,
les groupes serviles étaient et sont prioritairement utilisés dans les travaux domestiques,
incluant parfois l’agriculture servile.

Nous sommes donc ici en présence d’un type d’utilisation particulier de la main d’oeuvre servile,
distinct de la traite négrière, et caractérisé par l’intégration culturelle et ethnique des groupes
soumis au statut de servilité, qui, bien qu’étant couramment hérité, n’exclue pas la mobilité
statutaire et l’accession à l’autonomie des personnes libres en suivant des pratiques coutumières
relativement anciennes.
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