La présence de mercenaires menace les pays voisins
Publié par Agence
le 02.05.2021 , 11h00
Le Conseil de sécurité a tenu jeudi dernier, une réunion informelle pour discuter de l’évacuation des mercenaires et «combattants» étrangers de la Libye, au moment où les craintes s’accentuent sur l’effet potentiellement déstabilisateur de la présence des forces étrangères sur les pays voisins.
Initiée par le groupe A3+1 (Kenya, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines), cette réunion informelle verra notamment la participation de l’émissaire onusien pour la Libye, Jan Kubis, et des ambassadeurs du Tchad et de la Libye auprès des Nations-Unies. Selon des sources proches du Conseil de sécurité, le groupe A3+1 souhaite discuter des mesures susceptibles de soutenir l’accord de cessez-le-feu en Libye, y compris celles liées au désarmement, à la démobilisation et à la réintégration, considérant que la présence étrangère pouvait compromettre le processus politique engagé dans le pays maghrébin. Il y a lieu de rappeler que ces craintes ont été soulevées par le Niger, au nom du A3+1, le 6 avril lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur le Mali. Les menaces que présentent la présence de mercenaires pour le Mali et le Sahel inquiètent au plus haut point les pays de la région. La situation au Tchad a illustré récemment l’effet potentiellement déstabilisateur de la présence de forces étrangères en Libye.
Le cas du Tchad
Le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), le groupe des rebelles, désigné responsable de la mort du Président Idriss Déby, a trouvé refuge dans le sud de la Libye. C’est depuis cette région que les rebelles ont mené une incursion dans le nord du Tchad. En Libye, le FACT s’était d’abord engagé aux côtés des forces de Misrata, à la fois contre l’État islamique et les forces du général Khalifa Haftar, avant de se rapprocher de ce dernier.
En 2017, le groupe tchadien a conclu un pacte de non-agression avec Haftar. Deux ans plus tard, il participe avec les forces de Haftar à l’assaut de Tripoli. Selon un récent rapport, du groupe d’experts sur la Libye, créé par la résolution 1973 (2011), présenté le 15 mars au Conseil de sécurité, et qui a couvert la période allant du 25 octobre 2019 au 24 janvier 2021, l’activité des mercenaires a augmenté en Libye et dans un certain nombre de pays inscrits à l’agenda du Conseil de sécurité. En Libye, des entités privées, qui soutiennent les différentes parties au conflit ont été impliquées dans le déploiement de capacités militaires privées en violation de l’embargo sur les armes imposé par le Conseil de sécurité. Le rapport des experts a relevé que ces activités illicites ont été menées par des entreprises basées aux Émirats arabes unis, ainsi que par la société militaire privée ChVK Wagner (Russie) et le groupe Sadat International Defense Consultancy de Turquie, qui a été chargé de superviser et de payer quelque 5 000 combattants syriens. Le représentant permanent de la Libye à New York avait demandé en mars le désarmement et le départ de toutes les forces et mercenaires étrangers, devrait briefer le Conseil de sécurité sur l’évolution de la situation sur le terrain.
Divergences
Quelque 20 000 combattants entre forces étrangères et mercenaires sont présents en Libye en dépit de l’accord de cessez-le-feu, selon des estimations fournies par l’ancienne envoyée intérimaire de l’ONU en Libye, Stéphanie Williams.
Leur présence soulève des craintes, alors que le pays s’achemine vers une élection présidentielle le 24 décembre prochain.
L’évacuation de ces forces n’est guère une mince affaire et constitue une pomme de discorde entre le gouvernement intérimaire et le Haut Conseil d’État.
Alors que la cheffe de la diplomatie libyenne, Najla Al-Manqoush, appelle au départ des forces étrangères en application de la feuille de route établie par le Forum de dialogue politique libyen, le président du Haut Conseil d’État, Khaled Mechri, affirme son attachement au respect de l’accord militaire signé avec la Turquie.
R. I./APS
LSA