MauritanieThématiques sociales

La Mauritanie face à son passé : Le passif humanitaire en question

La Mauritanie face à son passé
Le nouveau protocole d’accords paraphés entre les représentants de l’État mauritanien et les associations des victimes des événements de 1987, 1989 à 1991 suscite plusieurs interrogations. Plusieurs Mauritaniens s’attendaient à ce qu’il y ait un véritable procès à l’instar du Rwanda ou de la Guinée aux fins d’éclairer l’opinion.

Les événements de 1989 à 1991 ont laissé des cicatrices profondes dans la société mauritanienne. Environ 60 000 personnes ont été déportées vers le Sénégal et 40 000 vers le Mali. Des milliers de cadres civils et militaires ont été radiés de la fonction publique, et des purges ont eu lieu au sein de l’armée et des forces paramilitaires. Des assassinats de cadres militaires et civils négro-mauritaniens, des viols, des destructions de documents d’état-civil et des confiscations de biens et de terres ont également été perpétrés.

Pour tourner la page du passif humanitaire, un procès juste et équitable est indispensable. Il permettra d’établir les faits, de situer les responsabilités et de garantir la vérité. Les victimes et leurs familles ont le droit de savoir ce qui s’est réellement passé et d’obtenir justice. Les violences sexuelles constituent une part importante des atrocités commises pendant ces événements. Les femmes victimes de viols ont droit à une attention particulière et à une justice spécifique. De plus, les enfants nés de ces viols doivent être pris en charge et leur sort doit être réglé de manière à leur garantir dignité et droits.

Les indemnisations pécuniaires ne peuvent pas effacer les souffrances et les traumatismes subis par les victimes. La Mauritanie a l’opportunité de solder son passif humanitaire de manière définitive. Pour y parvenir, elle doit privilégier la justice et la vérité. Les victimes ont le droit à une réparation complète, certes, mais dans la vérité et la dignité. Les coupables doivent parler et au mieux reconnaître leurs crimes et s’excuser de leurs actes. Sans cela, la Mauritanie aurait encore une fois de plus indemnisé pour rien. L’opinion nationale et la communauté internationale suivent de près cette question et attendent des autorités mauritaniennes qu’elles prennent les mesures nécessaires pour tourner la page de ce chapitre sombre de l’histoire du pays une bonne fois pour toutes !

Yahya Niane pour Rapideinfo.

Laisser un commentaire

Articles similaires