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La Mauritanie, État négro-africain à moitié, c’est bien la question.

Thème: Mauritanie

Au commencement, lorsque l’État mauritanien a été mis en place, les nationalistes négro-africains ne demandaient que des garanties constitutionnelles dans le souci de préserver leurs spécificités culturelles, sans revendiquer ni la moitié du pouvoir, ni l’enseignement de leurs langues maternelles. Depuis lors, leurs revendications n’ont cessé d’augmenter pour exiger une identité nationale plurielle et une gouvernance collégiale de l’État.
Aujourd’hui, il est inévitable d’assumer et de répondre honnêtement à la question suivante : sommes-nous prêts à ériger un État réellement binational ?
Un État binational, rappelons-le, est un État où deux nationalités (deux identités) seraient légalement définies conformément à la Constitution, et non en raison d’un laxisme complexifiant.
Nos pères fondateurs cherchaient-ils à établir ce type d’État, ou croyaient-ils avoir érigé un État arabe avec des citoyens de diverses origines ethniques, tout en protégeant les droits des minorités nationales ?
C’est cette dernière option qu’ils avaient envisagé de lancer à l’instar des pays de la sous-région, qui ne reconnaissaient pas les ethnies en tant qu’entités fondatrices des États. Par exemple, la Constitution sénégalaise ne précise pas que le Sénégal a une identité wolof, pulaar et sérère, etc. La Constitution malienne ne spécifie pas non plus que le Mali est un État bambara, touarègue, arabe, alors que les nationalistes pulaars mauritaniens réclament que l’État (et non la population) soit à la fois arabe, pulaar, soninké et wolof.
Si cette question de l’identité nationale n’est pas résolue, la Mauritanie marquera le pas pour toujours. Même en se mettant d’accord pour régler toute autre question, la crise persistera, car il est naïf de croire que le malaise des Négro-Mauritaniens est causé par l’injustice ou la marginalisation. Pas du tout !
En 1966, il n’y avait pas de chômage. Même les immigrés d’Afrique de l’Ouest trouvaient du travail sans difficulté. Et au sein du gouvernement et des différentes institutions de l’État, aucun Mauritanien, quelle que soit son origine, ne pouvait se plaindre. Et pourtant, un affrontement violent était venu inaugurer la série noire.
Pourquoi ?
Les Négro-Mauritaniens étaient et demeurent totalement opposés à l’idée de s’intégrer dans un État arabe.
Et jusqu’à présent, les différents gouvernements de notre pays ont toujours refusé d’aller au fond des choses et de traiter cette question avec la détermination politique requise, préférant les palliatifs et les traitements cosmétiques qui ne sont pas efficaces.
En clair, les tergiversations et les ambiguïtés n’ont provoqué que des tensions entre les communautés, comme en 1966, 1979, 1986, 1987, 1989 et 1990. Preuve, s’il en faut, que les forcings ne fonctionnent pas.
Pourquoi donc différer alors que le dilatoire ne règle rien et contribue même à aggraver la situation ?
Dans le cas où il serait décidé de charcuter l’identité nationale pour faire plaisir aux FLAM et aux nationalistes négro-mauritaniens, un référendum serait inévitable, et sa question serait : êtes-vous en faveur d’un État mauritanien binational, arabe et négro-africain, oui ou non?
L’auteur de ces lignes votera non.

Ely Ould Sneiba
Le 10 décembre 2025

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