Mauritanie

La Mauritanie devrait occuper la dernière place sur la liste.

La Mauritanie devrait occuper la dernière place sur la liste.

En Afrique, les Pulaars, qui ont en commun l’usage de la langue peule, sont répandus dans 15 pays, mais aucun d’entre eux ne l’enseigne ni ne lui accorde le statut de langue officielle. Une longue liste de pays négro-africains qui refusent donc d’aborder cette question par souci de rationalité scientifique et administrative. La Mauritanie, un pays authentiquement arabe, est le seul à être confronté à ce casse-tête de manière insistante et parfois violente, avec des pertes en vie humaines.
Si le conflit avait eu lieu en Guinée ou au Sénégal, avec une forte présence de cette ethnie, cela aurait été plus facile à comprendre. Non, c’est le pays qui devrait être le dernier concerné, à qui on demande de franchir le Rubicon.
Sur le plan constitutionnel, cette question a été tranchée principalement en vertu de la constitution de 1991, en particulier en son article 6, votée par référendum, forme à la fois la plus élevée et la plus démocratiquement légitime.
Peu importe, les nationalistes pulaars insistent depuis 1958 pour affirmer que la langue arabe ne leur sera jamais imposée, quoi qu’il advienne. Affirmant que ce sont eux, prétendument les autochtones, qui doivent imposer leur logique sur une population étrangère installée en petit nombre sur le territoire de leurs ancêtres depuis seulement un petit millénaire, un laps de temps court pour bouleverser le cours de l’histoire !
Problème par ailleurs épineux. L’écriture pulaar en est encore à ses balbutiements. On est toujours en train de lui rédiger des syllabaires. Et en termes de connaissances, peu de locuteurs poulo-toucouleurs sont capable d’aller au-delà du langage maternel. C’est tout à fait normal, il n’y a pas encore dans les 15 pays africains, où les Pulaars sont présents, de formation spécialisée dans l’enseignement du pulaar pour délivrer un certificat d’études primaires.
Comment peut-on, en toute honnêteté, demander à la Mauritanie de faire l’effort institutionnel et scientifique avant tous les autres et à la place de tous les autres ?
Et même si la Mauritanie était plus peule que tout le monde, en Afrique, plus de 2000 langues sont répertoriées. Seule la portion congrue est codifiée, et un nombre encore plus petit officialisé.
En définitive, la question linguistique dans notre pays, à tous, la Mauritanie, ne fait que poser avec acuité les termes d’un conflit ethnico-racial, dont l’identité demeure la toile de fond.
Peut-on espérer une sortie de crise finale malgré les déboires ?
C’est possible à une seule condition : persuader les nationalistes pulaars de reconnaître que la Mauritanie ne sera jamais entièrement ou partiellement un État peul. Mais une République unitaire, non ethnique mais citoyenne, à prédominance arabe, avec, comme c’est le cas ailleurs en Afrique, des minorités nationales, dont les Peuls et les Toucouleurs.
C’est peut-être la mer à boire, mais bon…

Ely Ould Sneiba

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