La gestion de la crise par Macron ne convainc pas les Français
SONDAGE – Six Français sur dix n’ont pas confiance en l’action du gouvernement face à l’épidémie, selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro et France Info.
Par Loris Boichot
Les Français ont exprimé leurs doutes à chacune des trois grandes étapes de la lutte contre la pandémie – protection, dépistage, vaccination BENOIT TESSIER / REUTERS
Un persistant parfum de défiance. Les promesses de «transparence» et d’«action» du gouvernement ne parviennent toujours pas à mettre sous l’éteignoir le sévère jugement de la population à son égard. Après onze mois de crise sanitaire, une nette majorité de Français (60%) ne fait pas confiance au pouvoir exécutif pour gérer la situation due à l’épidémie de Covid-19, selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro et France Info.
Ce scepticisme n’a que peu diminué (-4 points) depuis octobre dernier. Il touche majoritairement toutes les catégories de la population, à l’exception des sympathisants de La République en Marche (seulement 11% de défiance), et les catégories sociales supérieures (49%). Les plus critiques sont les catégories populaires (68%), les habitants des campagnes (64%) et les sympathisants du Rassemblement national (86%).
«Péché originel» des masques
Les Français ont exprimé leurs doutes d’un sondage à l’autre, à chacune des trois grandes étapes de la lutte contre la pandémie – protection, dépistage, vaccination. Le «péché originel» de la pénurie de masques au printemps dernier, les longs délais de résultats des tests à l’automne, puis les lenteurs des débuts de la vaccination, forment «une succession de “bugs” perçus», à l’origine d’un «sentiment d’inefficacité dans la durée», explique le président de l’institut Odoxa, Gaël Sliman.
Manque de clarté, de perspective et de sincérité : l’opinion détaillée de la population est particulièrement rude pour Emmanuel Macron. Plus de sept Français sur dix (71%) estiment que le gouvernement «n’a pas pris les bonnes décisions au bon moment» et qu’il ne «leur dit pas la vérité» (73%), quand une proportion plus forte encore juge qu’il n’est pas «clair» (81%), ni qu’il «sait où il va» (78%).
Reconfinement jugé inéluctable
Les multiples prises de parole récentes de l’exécutif – intervention du chef de l’État au «20H» de TF1 mardi, allocution du premier ministre Jean Castex ce jeudi -, ne rassurent pas une opinion publique fataliste, persuadée qu’un nouveau confinement est inévitable. Résultat, malgré les nombreuses déclarations de Gabriel Attal, qui ne cesse de répéter qu’il existe «un chemin réel» pour «éviter» cette option, quelque sept Français sur dix (69%) s’y préparent, persuadés que cela leur tombera dessus les prochains jours – une prédiction partagée en majorité dans toutes les catégories de la population. «Ne pas confiner, c’est forcément risqué : si on est obligé de confiner dans une semaine, c’est qu’on s’est planté», concède un ministre. «Mais si c’est dans un mois, là c’est une autre histoire, on pourra expliquer à l’opinion qu’on a tout fait pour lui éviter ça.»
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Désireux de voir accélérer le dépistage et la vaccination, les Français soutiennent enfin le déploiement des tests salivaires (84% de soutien), moyen de se tester soi-même, ainsi que l’autorisation en France des vaccins russe ou chinois (52%). Pour «mieux vivre avec le virus», selon la formule du président de la République, la plupart des citoyens se montrent aussi favorables à des «passeports» sanitaires (58%) – un résultat négatif au Covid-19 dans les 48 heures – et vaccinaux (64%) pour pouvoir accéder aux bars, restaurants et lieux de culture. Le déploiement des vaccins a donc contribué à un retournement de l’opinion, jusqu’alors majoritairement opposée à un tel permis pour les personnes immunisées.