La future présidence de la Banque africaine de développement au coeur des enjeux

La future présidence de la Banque africaine de développement au coeur des enjeux.
Alors que l’ouverture des candidatures est d’actualité ce mois de septembre, deux têtes d’affiche se distinguent fortement pour le remplacement d’Akinwumi Adesina à la tête de la Banque africaine de développement : Ousmane Kane, un proche du président mauritanien Ould El-Ghazaouani et Romuald Wadagni, ministre de l’Économie et des Finances du Bénin et proche du président Talon. Le tout dans un contexte où l’Afrique fait face à de multiples enjeux, financiers et de transition.
Après huit années passées à la tête de la Banque africaine de développement (BAD), la plus importante institution financière multinationale dédiée à l’Afrique, le Nigérian Akinwumi Adesina se prépare à céder sa place à son successeur dès mai prochain. Alors que l’ouverture des candidatures a été lancée en ce mois de septembre, deux noms confirmés se distinguent fortement : Ousmane Kane, un des anciens vice-présidents de la BAD et proche du président mauritanien Mohamed Ould El-Ghazaouani, et Romuald Wadagni, ministre de l’Économie et des Finances du Bénin et proche du président Talon.

Kane, un ancien de la maison

Originaire de la Mauritanie, Ousmane Kane, est un ancien élève des grandes écoles françaises. Diplômé de la prestigieuse École polytechnique (X) de Paris et de l’École nationale supérieure des mines de Saint- Étienne, sa carrière le conduit à des postes clés au sein d’institutions nationales et internationales, où il démontre sa capacité à mettre en œuvre des politiques économiques efficaces. Pendant près de 15 ans au sein de la BAD, il gravit petit à petit les échelons : expert chargé de la structuration et du financement de projets industriels ; chef de l’Unité chargée des politiques et procédures de passation des marchés ; directeur des Ressources humaines ; directeur de la planification stratégique et enfin vice-président chargé des Services institutionnels de la BAD.

De retour en Mauritanie, il occupe d’importantes fonctions, notamment, celles de Chargé de mission auprès du chef de l’État ; de directeur général de la Société nationale des industries minières (15% à 20% du PIB mauritanien) ; puis, de gouverneur de la Banque centrale et de ministre des Finances, et enfin de ministre de l’Économie. « L’Afrique possède des ressources considérables, tant humaines que naturelles. L’objectif devrait être de mobiliser ces ressources pour construire un avenir meilleur pour tous les Africains », explique Ousmane Kane, prônant une approche inclusive et durable du développement sur le continent.

Wadagni, l’homme du changement de paradigmes

Romuald Wadagni, ministre de l’Économie et des finances du Bénin est un habitué des morasses budgétaires et maîtrise les marchés internationaux. Son Baccalauréat en poche, il intègre à partir de 1995 l’École supérieure des affaires de Grenoble (ESA) où il obtient un master en finances en terminant major de sa promotion. Au cours de ses études à Grenoble, il rencontre un associé du cabinet Deloitte qui le recrute dans le cabinet de conseil (Lyon) en 1998 . « Il peut être dur avec ses équipes en raison de son exigence, mais il reste juste », témoigne un ancien manager chez Deloitte.

En 2012, Wadagni est promu associé du cabinet, avant de fonder les bureaux de Deloitte à Kinshasa et à Lubumbashi. En novembre 2015, il est nommé responsable Audit Afrique francophone. La même année, il s’inscrit une seconde fois à Harvard et obtient un MBA.

Après 17 ans d’expertise au sein de firmes française (Paris et Lyon), américaine (Boston et New York) et africaine (Lubumbashi) de Deloitte, Wadagni est nommé en 2016, ministre de l’Économie et des Finances dans le premier gouvernement du président Talon. En octobre 2018, il réalise pour le Bénin un emprunt de 260 millions d’euros sur les marchés internationaux. Une première pour le pays. En juillet 2021, le Bénin réalise une opération majeure en devenant le premier pays africain à réaliser un eurobond dédié au financement de projets à fort impact sur l’atteinte des Objectifs de développement durable des Nations unies, pour un montant de 328 milliards de francs CFA (500 millions d’euros) et un taux de 4,9 %. Cette opération fait suite à plusieurs mois de travail de Romuald Wadagni et son équipe, et de voyages à la rencontre des investisseurs en Asie, en Europe et en Amérique. Sur la question de la dette extérieure publique, cheval de bataille de plusieurs ministres et présidents africains, Wadagni reste un partisan de la mobilisation de liquidité nouvelle en lieu et place des annulations ou des moratoires de dette. Ce changement de paradigmes dans les stratégies d’annulation ou d’allégement de la dette des États du continent évitera à ces derniers le cercle vicieux de l’endettement.

Enjeux cruciaux

Cette élection prévue en mai 2025 revêt une importance capitale pour la BAD, l’Afrique étant confrontée à une dette amplifiée par la crise de Covid avoisinant les 640 milliards de dollars, à laquelle s’ajoutent les problématiques liées au changement climatique qui impactent les économies dépendantes de l’agriculture et accentuent l’insécurité alimentaire. Autres enjeux majeurs pour le continent, l’éducation, mais également l’emploi, à travers des investissements massifs pour y intégrer des ressources humaines locales compétitives.

La BAD compte actuellement 81 pays membres dont 54 pays africains. Elle est soutenue par 27 pays européens, sud et nord américains et asiatiques. Depuis sa fondation en 1967, elle a financé quelque 2 900 opérations pour un total de 47,5 milliards de dollars.

Mounir El Figuigui

Source: afrique.latribune.fr

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