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La direction solitaire des partis en Mauritanie : un héritage à dépasser

La direction solitaire des partis en Mauritanie : un héritage à dépasser

L’une des faiblesses récurrentes du paysage politique mauritanien réside dans la tendance à la personnalisation excessive des partis et associations. Trop souvent, ces structures se confondent avec la figure de leur fondateur, réduisant ainsi toute dynamique collective à la volonté d’un seul homme. Les trajectoires de Messaoud Ould Boulkheir (APP) et d’Ahmed Ould Daddah (RFD) illustrent tristement ce phénomène.

Messaoud, malgré son rôle historique dans la lutte pour l’émancipation des Haratines, n’a jamais su ou voulu construire une relève organisée. Son parti, longtemps instrument de mobilisation populaire et de transformation sociale, s’est progressivement refermé sur lui-même, captif d’une gestion centralisée, autoritaire et peu ouverte au débat interne. L’absence de mécanismes de renouvellement, de partage du pouvoir ou de promotion de nouveaux visages a fini par asphyxier l’élan initial du mouvement.

Ahmed Ould Daddah, pour sa part, a incarné pendant des décennies une opposition crédible au régime. Mais son refus de déléguer, sa réticence à laisser émerger une génération politique autonome, et sa mainmise sur les orientations stratégiques du RFD ont figé le parti dans une posture figée, souvent déconnectée des réalités sociales et des mutations profondes de la société mauritanienne.

Ces deux exemples montrent à quel point la direction solitaire, aussi légitime soit-elle à ses débuts, finit par devenir un frein. Elle empêche la circulation des idées, décourage les compétences internes, et bloque les dynamiques de renouvellement pourtant essentielles à toute organisation politique vivante. Pire encore, elle entretient une culture de dépendance autour du “leader historique”, rendant les partis vulnérables à son affaiblissement ou à son départ.

Il est temps que les partis politiques et les associations en Mauritanie s’engagent dans un véritable processus de démocratisation interne, de collégialité des décisions, et de promotion des talents collectifs. Le salut ne viendra pas d’hommes providentiels, mais d’organisations solides, inclusives, capables de survivre à leurs fondateurs……Wetov
Sy Mamadou

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