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Khally Diallo… Quelle audace !

Khally Diallo… Quelle audace !

Aller parler de la Mauritanie à l’étranger ? Scandaleux ! Qui ose donc imaginer que le pays pourrait être critiqué ailleurs que dans les cercles feutrés de l’Assemblée nationale, où chacun sait pertinemment que les vérités dérangeantes ont bien du mal à être entendues ? Quelle faute impardonnable d’aller exposer des faits là où ils risquent d’être pris au sérieux !

Bien sûr, on pourrait défendre le fait qu’un député a le droit – voire le devoir – de dénoncer ce qu’il considère comme des injustices, même à l’international. Après tout, la liberté d’expression n’a de valeur que lorsqu’elle peut s’exercer sans frontières, n’est-ce pas ? Mais non, il aurait dû prendre plus de pincettes, peut-être glisser quelques éloges au passage pour ne pas trop heurter les sensibilités.

On lui reproche de ne pas avoir précisé que, pour la première fois, des policiers ont été arrêtés après une bavure. Certes, un progrès notable. Mais faut-il rappeler que dans un État de droit normal, ce genre d’événement ne devrait même pas être un exploit à souligner, mais une évidence ? Si la Mauritanie était un modèle irréprochable, il n’y aurait pas de motifs pour se plaindre ni ici, ni ailleurs.

Et que dire de ces fameux chiffres qu’il avance sur la population afro-mauritanienne discriminée ? Exagération, dit-on. Mais ceux qui contestent ces chiffres se sont-ils seulement demandé combien d’Afro-Mauritaniens occupent des postes clés dans l’administration, la justice, l’armée, ou la diplomatie ? Peut-être que Khally Diallo force le trait, mais il ne l’invente pas non plus.

Enfin, on lui reproche de parler des langues nationales sans rappeler que l’arabe est la seule langue officielle. Certes, il aurait pu le dire… mais fallait-il pour autant ignorer le fait que les autres langues nationales restent largement marginalisées dans l’enseignement et l’administration ?

Khally Diallo parle beaucoup, certes. Mais peut-être que si certains écoutaient davantage, il aurait moins besoin de parler aussi fort. Dommage, vraiment…

Sy Mamadou

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