Israël bombarde au Liban un organisme financier lié au Hezbollah

Israël bombarde au Liban un organisme financier lié au Hezbollah

Israël bombarde intensivement al-Qard al-Hassan et ses filiales au Liban-Sud, dans la Békaa et la banlieue-sud
Plus de douze frappes ont pris pour cible la banlieue-sud de Beyrouth, tandis que des agences de cette organisme de micro-crédit ont également été attaquées dans la Békaa et au Liban-Sud.

OLJ/AFP / le 21 octobre 2024 à 01h46

Une frappe israélienne sur la banlieue-sud de Beyrouth, dans la nuit du 20 au 21 octobre 2024. Photo Mohammad Yassine/L’Orient-Le Jour

L’armée israélienne a mené dimanche soir des frappes aériennes au Liban contre des agences de la fondation al-Qard al-Hassan, une société financière qu’elle accuse de financer le Hezbollah, après avoir pilonné à travers le pays des positions du mouvement pro-iranien. Fondée en 1983 et enregistrée en tant qu’organisation non-gouvernementale depuis 1987, al-Qard al-Hassan collecte d’un côté des dépôts non rémunérés conformément aux principes de la finance islamique, en dollars ou en livres, et octroie de l’autre des microcrédits.

Dans la nuit, au moins douze frappes israéliennes ont pris pour cible des filiales d’al-Qard al-Hassan dans la banlieue-sud de Beyrouth, notamment dans les quartiers de Haret Hreik, Tahouitat el-Ghadir, Hay el-Sellom, Ghobeyri, Bourj Brajné et Mreijé, ainsi qu’au sud de la capitale, à Choueifate. Au moins deux de ces raids aériens ont eu lieu sur des terrains tout proches de l’Aéroport international de Beyrouth.

Des dépôts protégés

Des bombardements visant l’organisme ont également été menés dans la Békaa, à Baalbeck, Ali el-Nahri et dans le Hermel. À Ali el-Nahri, ce sont des frappes de drones qui ont touché l’agence locale d’al-Qard al-Hassan située au premier étage d’un bâtiment. Ce dernier ne s’est pas effondré, mais il a été endommagé, tout comme les immeubles voisins.

Au Liban-Sud, des frappes ont ciblé cette fondation à Aaqibiyé, entre Saïda et Tyr, Houmine el-Faouqa et Nabatiyé. La majorité de ces raids aériens ont eu lieu après des appels israéliens à la population à évacuer les abords des bureaux de cet organisme, sous sanctions américaines.

L’association financière a publié, peu après les premières frappes, un communiqué sur les réseaux sociaux affirmant qu’elle avait déjà pris des mesures pour protéger les dépôts des citoyens. « Il est important de noter que la fondation a pris toutes les mesures nécessaires depuis le début de la guerre », a-t-elle déclaré. « Ces mesures sont suffisantes pour sauvegarder les dépôts et la confiance des citoyens, en protégeant leurs moyens de subsistance et les fruits de leur travail. Œil pour œil, dent pour dent. »

« La société al-Qard al-Hassan est impliquée dans le financement des opérations terroristes du Hezbollah », avait déclaré dans la soirée sur le réseau X Avichay Adraee, le porte-parole arabophone de l’armée israélienne. Il avait ensuite publié plus de 25 cartes montrant des bâtiments abritant des « structures du Hezbollah », appelant leurs habitants à évacuer à « au moins 500 mètres ».

Transferts de patients et évacuation de centres de déplacés

À Saïda, dans le sud, un correspondant de l’AFP a vu des personnes s’enfuir à la hâte des environs d’un site de cet organisme, tandis que le président du conseil municipal, Hader Badih, a annoncé des mesures pour garantir la sécurité des citoyens. Il a notamment appelé à l’évacuation de la rue des banques et de deux centres de déplacés proches des bureaux locaux d’al-Qard al-Hassan. Dans la ville de Baalbeck, des patients hospitalisés qui étaient installés dans des chambres donnant sur un bâtiment occupé par l’institution financière ont été déplacés vers des départements « plus sûrs », a indiqué le ministère de la Santé à notre correspondante locale, Sarah Abdallah. À Beyrouth, des dizaines de personnes ont tenté d’évacuer les quartiers de Noueiri et Ras el-Nabeh, qui avaient déjà été touchés par des bombardements meurtriers le 9 octobre, et où se trouve une filiale de l’organisme financier.

Des responsables israéliens, cités dans le Wall Street Journal, ont affirmé que « l’objectif des frappes contre les agences de la fondation al-Qard al-Hassan est de réduire la confiance entre le Hezbollah et le peuple libanais ». « Nous frapperons la solidité financière du Hezbollah, l’empêcherons de se reconstruire et de s’armer », a fait savoir une autre source israélienne citée dans le même média.

Maisons dynamitées, militaires libanais tués

La journée avait été marquée par des frappes violentes sur 50 localités du Liban-Sud et de la Békaa, après un bombardement à l’aube de la banlieue-sud de Beyrouth, où l’armée israélienne avait annoncé avoir touché un « centre de commandement » du Hezbollah et tué trois responsables. La nuit précédente, elle avait dynamité des maisons, une école et un cimetière à Blida et Meis el-Jabal. De son côté, l’armée libanaise, qui ne prend pas part au conflit, a annoncé la mort de trois soldats dans une frappe israélienne près d’Ebel el-Saqi, un incident que l’armée israélienne a « regretté ».

Visitant les troupes dans le nord d’Israël, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a assuré que l’armée « détruit le Hezbollah dans tous les villages le long de la frontière ». Israël entend neutraliser le parti pro-iranien pour permettre le retour chez eux de quelque 60 000 habitants du nord d’Israël, déplacés par les tirs incessants de roquettes. Le Hezbollah a de son côté revendiqué plusieurs tirs de roquettes dans le nord d’Israël ciblant notamment trois bases militaires près de Haïfa et Safed, ainsi que contre des soldats israéliens au Liban-Sud.

Au moins 1 470 personnes ont été tuées au Liban depuis le 23 septembre, d’après un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.

Source: OLJ