Mauritanie : Interdiction temporaire des tomates marocaines, un tournant pour la production locale ?
Dans une décision inattendue, les autorités mauritaniennes ont annoncé une interdiction temporaire de la distribution des tomates marocaines sur le territoire national. Cette mesure vise à protéger la production locale et s’inscrit dans une politique plus large de promotion de l’autosuffisance alimentaire.
La ministre du Commerce et du Tourisme, Mme Zeinebou Mint Ahmednah, a affirmé que cette initiative s’accompagne de la mise en place de foires modèles destinées à fournir aux citoyens des denrées alimentaires essentielles, notamment de la viande et des produits laitiers, à des prix abordables. Réparties dans les trois wilayas de Nouakchott, ces foires ont été stratégiquement localisées afin de répondre aux besoins des populations les plus vulnérables.
Selon la ministre, ces points de vente offrent un large éventail de produits locaux de qualité à des tarifs réduits, notamment les dattes, les produits laitiers, les légumes, le riz, le poulet, les œufs, les pâtes alimentaires, le poisson et la viande, avec un prix du kilogramme de viande fixé à 140 nouvelles ouguiyas. Elle a également souligné que cette initiative constitue une opportunité pour les citoyens de découvrir, consommer et soutenir les produits nationaux. La ministre a mis en avant la volonté du Président de la République de créer un cadre propice à la valorisation de la production locale, la considérant comme un élément clé de la souveraineté alimentaire.
Toutefois, la décision d’interdiction n’a pas entravé le transit des camions marocains à travers la Mauritanie vers les marchés africains, limitant ainsi l’impact sur les exportateurs marocains. Néanmoins, les restrictions ont entraîné une chute significative des exportations de tomates marocaines vers l’Afrique, réduisant leur volume à environ 20 % du niveau habituel.
Cette baisse a eu des répercussions sur le marché marocain, entraînant une diminution des prix des tomates sur les marchés de gros, où ils se situent désormais entre 5,80 et 6,80 dirhams le kilogramme. Cette tendance a été favorablement accueillie par les consommateurs marocains, qui bénéficient ainsi de prix plus accessibles.
Cependant, des professionnels du secteur au Maroc mettent en garde contre une éventuelle remontée des prix à l’approche du Ramadan, période marquée par une forte demande en tomates. Ils alertent sur les risques de spéculation et de hausse artificielle des prix sous l’effet des intermédiaires et des revendeurs, un phénomène récurrent pour de nombreux produits alimentaires durant ce mois sacré.
Par ailleurs, cette décision intervient dans un contexte d’intégration économique croissante entre la Mauritanie et ses partenaires régionaux, notamment avec l’achèvement prochain de la route Tindouf-Zouerate. Cette infrastructure facilitera les échanges commerciaux entre l’Algérie et la Mauritanie, augmentant le volume des exportations, notamment des produits alimentaires. Les Mauritaniens privilégient déjà les produits algériens, comme les dattes, en raison de leur qualité et de leurs prix abordables. Ce développement pourrait renforcer davantage la coopération économique entre les deux pays et diversifier les sources d’approvisionnement de la Mauritanie.
Ainsi, cette décision mauritanienne soulève plusieurs enjeux, allant de la protection de la production locale à la régulation des marchés, tout en illustrant les effets en cascade sur les relations commerciales et les dynamiques de prix au sein de la région.
Rapide info avec agences