Inspecteurs de l’Éducation nationale en Mauritanie : un rôle central mais sous-valorisé
En Mauritanie, les inspecteurs de l’enseignement fondamental jouent un rôle clé dans la qualité éducative, mais restent sous-valorisés malgré leurs responsabilités. Analyse des disparités d’indemnités et des revendications du corps d’inspection.

Les inspecteurs de l’Éducation nationale restent parmi les acteurs les plus sous-valorisés du système éducatif mauritanien. Malgré leur rôle central dans l’encadrement et l’évaluation, leurs indemnités stagnent et leurs revendications peinent à être entendues.
En Mauritanie, les inspecteurs de l’enseignement fondamental occupent une place charnière dans l’architecture éducative. Garants de la qualité pédagogique, superviseurs de terrain et premiers évaluateurs du processus didactique, ils constituent un maillon indispensable pour toute ambition de réforme. Pourtant, leur statut, leurs primes et leurs conditions de travail demeurent très en deçà de leur rôle réel.
Alors que la revalorisation des instituteurs a récemment porté leur prime à 65 000 MRU, les inspecteurs continuent de percevoir une indemnité plafonnée à 15 000 MRO — un montant qui n’a pas évolué depuis des années. Une stagnation qui suscite une vive frustration au sein de la profession, d’autant plus que plusieurs de leurs revendications restent sans réponse.
Mobilisations répétées, silence persistant
Depuis plus d’un an, les inspecteurs multiplient sit-in et démarches auprès des autorités, notamment devant la Présidence, afin d’obtenir la régularisation de deux indemnités considérées comme essentielles à l’exercice de leurs fonctions. Mais leurs sollicitations, malgré leur légitimité, n’ont toujours pas été suivies d’effet.
Cette situation renforce un sentiment de marginalisation chez ces professionnels, pourtant indispensables au bon fonctionnement du système éducatif. « Nous sommes les yeux et les oreilles de l’État sur le terrain, mais nous restons les moins reconnus », confie un inspecteur adjoint contacté par Rapide Info.
Des écarts de primes qui interrogent
L’analyse des indemnités actuelles illustre clairement la disparité entre les différents corps éducatifs.
A. Instituteurs en classe
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Salaire
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6 500 MRU (prime de craie)
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Prime de bilinguisme
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Prime de multigrade
B. Inspecteurs adjoints
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Salaire
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4 000 MRU (indemnité spéciale)
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1 500 MRU (indemnité Inspecteur de circonscription)
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1 000 MRU (indemnité annuelle)
C. IDEN – Inspecteurs départementaux
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Salaire
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6 500 MRU
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2 500 MRU
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1 000 MRU (indemnité annuelle)
Les inspecteurs adjoints apparaissent clairement comme les moins valorisés de la chaîne, avec des indemnités faibles et irrégulières, alors qu’ils assurent une présence permanente auprès des écoles, accompagnent les instituteurs et assurent l’évaluation pédagogique au quotidien.
Recapitaliser la fonction d’inspecteur : une urgence éducative
Si la Mauritanie aspire à un système éducatif performant, l’investissement dans la fonction d’inspection devient une priorité incontournable. Revaloriser ce corps, clarifier ses indemnités et moderniser son statut constituerait un signal fort en faveur d’une école mieux encadrée, mieux suivie et plus efficace.
Les inspecteurs ne réclament pas des privilèges, mais une reconnaissance proportionnée à la responsabilité qu’ils portent sur leurs épaules. Une reconnaissance qui passe par une révision des primes, la régularisation des indemnités en suspens et la mise en place de conditions de travail dignes.
La balle est désormais dans le camp des autorités : valoriser l’inspecteur, c’est renforcer toute la chaîne éducative.
Pour Rapide Info,
La Rédaction



