Inondations en Libye: à Derna, les ruines et le silence

Inondations en Libye: à Derna, les ruines et le silence.
Douze jours après les inondations qui ont endeuillé l’est du pays, le dernier bilan officiel fait état de plus de 3 300 morts. Accompagnée par des militaires de l’ANL, l’Armée nationale libyenne du maréchal Haftar, l’envoyée spéciale de RFI a pu entrer dans la ville de Derna et se rendre dans des quartiers sinistrés, fermés au public et à la presse.
Ce qui frappe d’abord dans la ville, c’est le silence. Le centre-ville de Derna est vidé de ses habitants, plus du tiers de la ville a été détruit. Dans le centre, désormais interdit aux journalistes et aux habitants, on est également frappés par cette impression de ville fantôme. Les seuls bruits qui résonnent sont les pelleteuses au travail pour rechercher les disparus encore ensevelis sous des tonnes de terre et de sable.

On entend aussi les travaux de dégagement des décombres pour tenter d’ouvrir une route. Ce que l’on voit, c’est une ville après un tsunami. Tous les ponts sont encore coupés, y compris les deux grands à l’entrée du centre-ville qui sont entièrement ravagés. Des pistes de contournement ont été installées pour permettre l’entrée et la sortie de la ville.

L’Armée nationale libyenne (ANL) a annoncé la fermeture du centre-ville de Derna pour sécuriser le lieu et pour faciliter, selon elle, les travaux de recherche de disparus.

« Le déluge »

Quelques familles rescapées ont pu trouver refuge dans une école du quartier de Chiha, située en hauteur et relativement épargnée par l’énorme coulée d’eau et de boue. Chaque personne a une histoire à raconter avec ce qu’ils appellent « le déluge ».

Ici, la majorité des rescapés sont logés par leur entourage dans les autres villes de Jabal Al Akhdar ou Benghazi. Très peu de famille sont dans des centres ou des écoles. D’ailleurs, c’est dans l’une de ces salles que les volontaires affichent les photos des personnes mortes et non identifiées. Ce centre doit permettre aux familles d’identifier les leurs. Toutes les personnes qui ont perdu des proches à Derna attendent que la terre ou la mer leur rendent les corps des parents perdus.

Une femme soudanaise, habitante de Derna, a pu enterrer son mari et sa fille. Ils étaient cinq, aujourd’hui, elle n’a plus que son fils et espère retrouver son troisième enfant.

Quand l’eau s’est un peu calmé et que la lumière commençait à se pointer, nous ne reconnaissions plus notre quartier. Tout a été anéanti. Il n’y avait plus rien, on ne voyait plus nos voisins et l’arbre nous retenait toujours. Nous n’avions plus d’habits sur nous, notre fils rescapé et moi. Nos habits qui étaient sur nous étaient emportés par l’eau. J’ai retrouvé le corps de ma fille, puis après trois jours, j’ai retrouvé mon mari décédé. Je cherche toujours mon autre enfant. Que dieu nous donne la patience.

Le temoignage d’une habitante qui a tout perdu

Houda Ibrahim

Désormais, c’est l’Armée nationale libyenne qui fait le bilan des personnes décédées et enterrées : quelque 3 360, selon un bilan communiqué ce vendredi à Benghazi. Selon le porte-parole de l’ANL, le général Al Mismari, 223 corps ont encore été enterrés jeudi. Le nombre de victimes annoncé officiellement ne prend pas en compte les disparus.
Par : Houda Ibrahim
envoyée spéciale à Derna,RFI

Source: RFI

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