« Il Ont FAIT L’HISTOIRE » « Mamadou Mamoudou Ali Touré : Une Vie au Service de la Justice et de l’Intégrité »
Mamadou Mamoudou Ali Touré
(1924 – 1961)
Né en 1924 à Kayhayɗi, carrefour des traditions sahéliennes, Mamadou Mamoudou Ali Touré grandit à la croisée de deux héritages : la rigueur peule de son père Mamoudou et la sagesse soninké de sa mère Thilla Alhadji Moƴƴo Diagana. De ce métissage naît un caractère d’acier, forgé dans l’exigence de justice et le refus du compromis.
Brillant élève, il obtient son certificat d’études à Kaédi et, à 17 ans, réussit le concours de l’administration coloniale – un sésame qui l’ouvre aux arcanes du pouvoir. Après des années d’apprentissage sur le terrain, il parachève sa formation à l’École d’Administration d’Outre-Mer en France (1958-1960). Mais loin de se laisser façonner par l’appareil colonial, il en fera une arme contre l’oppresseur. il gravit les échelons avec une intégrité redoutée. En 1952, un double tournant marque son destin : élu conseiller territorial de l’Assaba, il devient aussi administrateur colonial, un paradoxe explosif. Le système croit tenir un serviteur loyal, il vient d’élever son pire adversaire.
Face aux élections truquées de 1957, il refuse de plier. Le 27 mai, dans Échos d’Afrique Noire, il assène un réquisitoire implacable :
« Que déduire de ces faits, sinon que la complicité de l’administration dans les élections en Mauritanie est trop manifeste ? […] Cette mise en place d’une assemblée si peu démocratique […] n’augure que d’une double appréhension : celle du mépris du peuple et celle d’un colonialisme revanchard. »
Punition immédiate : il est muté à Zouerate, dans l’isolement du désert. Mais la sentence ne brise pas sa détermination. Ce discours restera comme l’un des premiers actes de la résistance institutionnelle mauritanienne.
Sa disparition brutale en 1961, à seulement 37 ans, n’éteint pas sa flamme. Son nom résonne encore comme un étendard. Le Centre Mamadou Touré, phare de l’éducation technique qu’il avait inauguré sous la période coloniale, perpétue son idéal. Ici, on ne forme pas de simples élèves : on forge les bâtisseurs d’une nation juste. Chaque diplômé est l’héritier d’un visionnaire qui voyait la politique comme un sacerdoce, jamais comme un marchandage.
Sources des Données historiques
Échos d’Afrique noire Numéro 300 du 27 mai 1957
Moustapha Touré
*Yaaya Tuure*