Hommage au frère martyr du devoir et du sens de la fidélité, au Colonel M.L. Ould N’Deyane.

Hommage au frère martyr du devoir et du sens de la fidélité, au Colonel M.L. Ould N’Deyane.

Cher Mohamed Lemine.

Ton soudain départ, par la volonté d’Allah, laisse un grand vide chez tous ceux qui t’ont connu.

Tout naturellement, je t’ai rencontré pour la première fois à Chinguetti. C’était l’été de l’année 1956, celle de « l’agression tripartite » contre l’Egypte. Tu étais un petit chérubin sec, nerveux, mais plein, maa chaa Allah, d’énergie et armé d’une belle volonté… J’étais, moi, gonflé par l’ importance de mon titre: élève du Lycée Faidherbe de Saint-Louis.

Je te snobais préférant la compagnie de ton frère aîné Béchir qui disparaîtra, par accident, une ou deux années plus tard, victime déjà du sens du devoir et de son précoce courage. Sorti de mon paysage jusqu’en juillet 1978, je te retrouvai aux côtés de tes chefs fraîchement intronisés membres du Comité Militaire de Redressement national. Quand on te présenta à moi, j’ai cru lire dans ton regard un défi ou quelque chose comme:  » tu croyais que le petit Lemine ne saurait grandir? » Il avait grandi, et bien grandi, en effet…

Plus tard nos chemins n’ont cessé de se croiser, se rejoindre, puis se confondre. Et notre amitié ( ou bien mieux, notre fraternité) n’a cessé, elle, de se renforcer. C’est surtout votre désignation en qualité de Ministre des Affaires étrangères, trois ans durant, qui me permit, étant votre principal conseiller, de mieux vous connaître, de mieux vous estimer. Vous n’étiez pas le chef de diplomatie la tête pleine, la plume rapide et plein de verve. Vous étiez, au contraire, l’anti-intellectuel, mais l’homme capable de réalisations concrètes. Vous ne finissiez jamais vos phrases en parlant et vous aimiez si peu l’écriture et les raisonnements sophistiqués. Vous agissiez et vous étiez bien mieux, parce que beaucoup plus vrai. Plus vrai car, en contre-courant d’une habitude qui devient tendance chez les « Petits » et les « Grands » de ce monde, vous ne mentiez pas; vous ne biaisez pas. Trop direct pour jouer ou pour ménager, vous sembliez parfois brutal, sec et insensible. Faux! Mohamed Lemine était la sensibilité même, la compassion, la charité. Malgré ses nerfs à fleur de peau, son extrême nervosité, il était d’une grande patience pour écouter et d’une étonnante capacité à se dominer. Mais mon colonel d’autres rares qualités faisaient de vous un homme assurément hors du commun. Ainsi votre courage physique dont vous sembliez vous en excuser, comme la fois ou une panne sérieuse d’ un avion de ligne vous a laissé impassible, non concerné. Votre honnêteté, totalement éloignée de tout calcul et de toute démagogie était naturelle, innée. Je ne la cite que parce qu’elle est devenue une denrée si rare. Elle doit, par ce fait, être mentionnée. Cette honnêteté là était totale: dans vos rapports avec les autres, dans l’expression de vos opinions, dans l’acceptation de vos torts et, bien sûr, dans votre scrupuleuse manière de gérer les biens publics. Généreux? Bien sûr. Difficile d’être élevé auprès de votre père et de ne pas l’être. Non pas que vous n’ aviez pas de mérite strictement personnel à être si disponible pour écouter les autres, pour les aider et pour les secourir, sans rien attendre d’ eux en retour. Mais votre éducation familiale, le magnifique exemple que constituait N’Diayane vous ont prédestiné à toujours servir, avec extraordinaire altruisme, votre prochain. Contrairement à tant de parvenus, vous ne cherchiez jamais à dominer ou humilier l’autre: ni par des coûteuses tenus vestimentaires, ni par le luxe insolent de bolides, ni par les prestigieux titres par vous collectionnés et notamment: la direction générale de la sûreté, le gouvernorat de Nouakchott, le ministère des Affaires étrangères, la permanence du Comité Militaire, La direction de L’EMIA; L’Etat-major inter-armes…Mohamed Lemine est resté le même: modeste, pieux, disponible, échappant à la corruption de l’argent ou de la vanité! Je n’agresserai plus ni votre modestie, ni votre timidité. Je termine cet adieu, en te souhaitant d’aller re joindre dans le « Firdaousse » les gens de ta qualité: les pieux, les humbles, les généreux, les propres. En présentant mes condoléances à Aichatta, Béchir, les filles et le petit héritier je dis, acceptant humblement la volonté du Clément et Miséricordieux,  » INA LILLAHI WE INA ILEYHI RAJIOUNE » (nous sommes à Allah et à lui nous retournerons).

Extrait

Hommage du feu said ould homody رحمه الله وأسكنه فسيح جناته  

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