« Les Haratines se sont nommés : une communauté à part entière, une réalité qu’il est temps de reconnaître »
« Les Haratines se sont nommés : une communauté à part entière, une réalité qu’il est temps de reconnaître »
Depuis la fondation du mouvement El Hor en 1978, la question de l’identité des Haratines a été posée avec force et clarté par une élite consciente de l’histoire de sa communauté, de sa marginalisation et de ses aspirations. Ce n’est donc ni une lubie récente ni une manœuvre passagère : c’est une revendication enracinée dans l’histoire moderne de la Mauritanie, portée par des décennies de lutte pour la dignité, la reconnaissance et l’égalité.
Comme l’affirmait le manifeste fondateur d’El Hor :
« Il ne s’agit pas d’une lutte contre quiconque, mais d’une lutte pour exister en tant qu’êtres humains à part entière. »
Aujourd’hui, cette question reste plus que jamais d’actualité, car elle touche à la citoyenneté pleine et entière d’un groupe qui représente une part substantielle de la population mauritanienne, et qui demeure — malgré les discours officiels — structurellement relégué dans tous les domaines essentiels de la vie nationale.
Et pourtant, à chaque fois que les Haratines affirment sereinement leur identité comme communauté à part entière, distincte à la fois des Négro-africains et des Arabo-berbères, les réflexes de déni, de panique identitaire ou de moquerie ressurgissent. Pourquoi tant d’agitation lorsqu’une communauté ose se définir par elle-même, en dehors des cadres imposés ?
« Le droit de se nommer, c’est le premier acte d’autonomie. » — Frantz Fanon
Il est donc futile, voire malhonnête, de ramener ce débat fondamental à des anecdotes culturelles ou des prétextes sociaux, comme le mariage interethnique. La question n’est pas qui épouse qui, mais qui accède à l’éducation, à l’emploi, à la terre, au logement, à la formation, à la santé, à la dignité ?
Tant que ces inégalités systémiques subsistent, la revendication identitaire des Haratines restera légitime, pertinente et nécessaire.
Et surtout : les Haratines n’ont pas besoin de permission pour être ce qu’ils sont. Ils ont défini leur ancrage, affirmé leur horizon, et ne demandent ni validation ni agrément pour se constituer en communauté pleinement reconnue et assumée.
« Être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes, c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres. » — Nelson Mandela
La reconnaissance des Haratines comme communauté spécifique n’est ni une menace pour la cohésion nationale, ni une négation des autres composantes, mais une condition de la justice, de la paix durable et de l’égalité réelle. Ce pays ne pourra se construire solidement qu’en intégrant toutes ses vérités humaines, pas en les niant.
Le débat, pour les Haratines, est clos. Ils ne se cherchent plus, ils se nomment. Et cette décision, personne ne peut l’invalider.
Wetof
Sy Mamadou