Gouvernement Ould Diay : ministres critiqués et stratèges de l’ombre après un an du second mandat de Ghazouani
Un an après l’investiture du Président Ghazouani pour son second mandat, certains ministres font face à de vives critiques, tandis que les stratèges de la Présidence façonnent dans l’ombre la politique de l’État
Nouakchott – 25 août 2025.
Douze mois après l’investiture de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani pour son second mandat, l’heure est déjà au premier bilan pour l’équipe gouvernementale dirigée par Moctar Ould Diay. Dans les salons de Nouakchott comme sur les réseaux sociaux, certaines figures du gouvernement cristallisent critiques et controverses, reflet d’une impatience croissante face à une gouvernance jugée lente à répondre aux attentes populaires. Mais dans les coulisses, à la Présidence, une autre catégorie de ministres agit discrètement : celle qui observe, analyse et alimente la stratégie de l’État.
Focus – Les ministres de la Présidence : stratèges de l’ombre
Au-delà des ministères sectoriels, un noyau discret mais central se trouve au cœur du dispositif présidentiel : les ministres directement rattachés à la Présidence. Leur rôle, souvent éclipsé par la scène politique quotidienne, est essentiel pour façonner et promouvoir la politique de l’État.
- Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, Ministre Secrétaire général de la Présidence de la République : il agit comme le coordinateur en chef, veillant à ce que les décisions présidentielles soient suivies et appliquées à travers l’ensemble du gouvernement.
- Nani Ould Chrougha, Ministre chargé du Cabinet du Président : véritable filtre stratégique, il organise et hiérarchise les informations destinées au chef de l’État, garantissant la clarté dans la prise de décision.
- Mohamed Ould Abdallahi Ethmane, Ministre Conseiller : observateur attentif, il rédige des analyses politiques qui permettent d’anticiper les tensions sociales et de guider les arbitrages présidentiels.
- Aissata Ba Yahya, Ministre Conseillère : elle contribue à enrichir cette cellule de réflexion, apportant un regard complémentaire et sensible aux dynamiques sociales et politiques du pays.
Tous quatre constituent une véritable cellule de veille et d’analyse, témoin permanent de l’actualité nationale. Dans l’ombre, ils fournissent les éléments indispensables au président pour orienter son action, défendre ses réformes et maintenir la cohérence de la politique de l’État.
L’Éducation, entre promesses et désillusions
Houda Mint Babah, à la tête du ministère de l’Éducation et de la Réforme de l’enseignement, est régulièrement citée parmi les responsables les plus critiqués. Ses réformes, annoncées comme ambitieuses, peinent à se traduire concrètement dans les salles de classe. Le déficit criant d’enseignants qualifiés et l’inadéquation des infrastructures scolaires dans les zones rurales alimentent un mécontentement palpable.
Santé : des hôpitaux toujours saturés
Le ministre Abdallahi Ould Wedih est lui aussi sur la sellette. Malgré des annonces répétées d’investissements et de modernisation, le système de santé reste marqué par des pénuries chroniques de médicaments, un déficit de personnel et des infrastructures saturées.
L’eau et l’assainissement, un éternel chantier
Dans un pays confronté à la rareté de l’eau, le portefeuille confié à Amal Mint Maouloud est observé de près. Mais un an après, les plaintes s’accumulent : coupures d’eau à répétition dans les grandes villes, assainissement déficient, et lenteur dans la réalisation des projets structurants.
Transport et infrastructures : un réseau en panne
Le ministre Ely Ould El Veirik, en charge de l’Équipement et des Transports, fait face à une vague de mécontentement. L’état dégradé des routes nationales et les retards dans les projets d’infrastructures nourrissent un climat de défiance.
Commerce et flambée des prix
La ministre du Commerce et du Tourisme, Zeinebou Mint Ahmednah, est régulièrement pointée du doigt. L’inflation persistante, notamment sur les denrées de base, fragilise son image auprès de l’opinion publique.
L’Intérieur, une gouvernance locale critiquée
Le ministère de l’Intérieur dirigé par Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine concentre aussi son lot de reproches. Si les autorités revendiquent une stabilité sécuritaire relative, la décentralisation tarde à se concrétiser.
Entre patience et pressions politiques
À l’inverse, certains ministres comme Mohamed Salem Ould Merzoug (Affaires étrangères) ou Hanena Ould Sidi (Défense) échappent pour l’instant aux critiques frontales. Mais, dans un contexte socio-économique fragile, l’opinion reste en alerte et l’exigence de résultats tangibles s’intensifie.
Un an après, le gouvernement Ould Diay apparaît déjà sous pression : il lui faudra transformer les promesses de réformes en résultats concrets pour apaiser une opinion publique plus connectée, plus exigeante et moins patiente que jamais.
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