Gouvernance en Mauritanie : Critiques de l’opposition et efforts du gouvernement pour 2024-2025
Gouvernance en Mauritanie : Critiques de l’opposition et efforts du gouvernement pour 2024-2025
Le chef du parti d’opposition Sawab, Abdessalam Ould Horma, a vivement critiqué la gestion du gouvernement en matière de lutte contre la corruption et la gouvernance, accusant ce dernier de tolérer, voire d’encourager, les comportements malhonnêtes de certains acteurs influents. Selon lui, le gouvernement se contente de « soins et de câlins » à l’égard des « fauteurs de troubles et des pillards », sans mettre en place des sanctions dissuasives pour combattre la corruption de manière efficace.
Lors d’une session parlementaire en présence du Premier ministre Mokhtar Ould Diay et des membres de son gouvernement, Ould Horma a souligné que la faiblesse institutionnelle face à l’influence des lobbies et des groupes de pression empêche toute avancée notable. Il a critiqué l’absence de mesures concrètes et d’une stratégie claire dans le programme gouvernemental pour enrayer ce qu’il qualifie de « maladie incurable » qu’est la corruption. Il a également dénoncé le fait que les richesses naturelles du pays – telles que les minéraux, le gaz, le pétrole et les ressources halieutiques – risquent d’être détournées au profit d’une minorité influente.
Par ailleurs, Ould Horma a formulé de sévères critiques à l’égard des secteurs éducatif, judiciaire et sanitaire. Il a notamment pointé du doigt le manque d’infrastructures éducatives, la surpopulation des écoles de Nouakchott, et l’absence de réformes judiciaires dans les résultats présentés par le gouvernement. Concernant le secteur de la santé, il a évoqué des projets bloqués ou inachevés, ainsi que des problèmes liés à la falsification des médicaments et à la prévalence des maladies graves.
Enfin, le chef de l’opposition a exprimé des inquiétudes face à la gestion des migrations et au risque que la Mauritanie devienne une « patrie alternative » pour les migrants en provenance ou en transit vers l’Europe. Il a également estimé que, malgré l’annonce de plusieurs projets ambitieux par le Premier ministre, un seul projet majeur – le pont de Hay Essaken – a été achevé, tandis que les autres restent en suspens ou retardés.
Analyse des critiques formulées par Ould Horma :
Les propos d’Ould Horma mettent en évidence plusieurs problématiques majeures : la corruption systémique, la faiblesse institutionnelle, et l’inefficacité des réformes promises. Son discours révèle une perception d’impunité et d’échec des mécanismes de gouvernance pour protéger les intérêts du peuple mauritanien. Il critique également l’absence d’une vision à long terme dans des domaines cruciaux tels que l’éducation, la santé, et la justice.
Les efforts du gouvernement en 2024 et perspectives pour 2025
Malgré ces critiques, le gouvernement mauritanien a pris certaines mesures en 2024 pour renforcer la lutte contre la corruption et améliorer la gouvernance :
- Lutte contre la corruption :
- Adoption de lois renforçant la transparence dans la gestion des ressources publiques.
- Mise en place de programmes de formation pour les fonctionnaires sur l’éthique et la bonne gouvernance.
- Collaboration avec des organisations internationales pour tracer les flux financiers illicites.
- Amélioration des infrastructures :
- Achèvement de projets structurants, comme le pont de Hay Essaken, qui témoigne d’une volonté de développement.
- Lancement de chantiers dans le domaine des infrastructures éducatives et sanitaires, visant à réduire la surcharge dans les écoles et à moderniser les hôpitaux.
- Gestion des ressources naturelles :
- Signature de nouveaux accords pour exploiter le gaz naturel et le pétrole de manière plus transparente, avec des engagements pour affecter une partie des revenus aux secteurs sociaux.
- Lutte accrue contre la pêche illégale, afin de protéger les ressources halieutiques.
- Migration et sécurité :
- Renforcement des frontières et mise en place de programmes visant à limiter l’immigration clandestine, tout en respectant les obligations humanitaires.
Perspectives pour 2025 :
Le gouvernement prévoit de consolider ces avancées en :
- Poursuivant les réformes judiciaires, notamment en renforçant l’indépendance des juges et en numérisant les procédures judiciaires.
- Intensifiant la lutte contre la corruption à travers des audits réguliers et des sanctions plus sévères.
- Favorisant une croissance économique inclusive grâce à des investissements stratégiques dans l’éducation, la santé et l’emploi des jeunes.
En conclusion, si les critiques d’Ould Horma soulignent des dysfonctionnements réels, elles doivent être équilibrées par une reconnaissance des efforts entrepris par le gouvernement mauritanien. Les perspectives pour 2025 dépendent largement de la capacité de ce dernier à traduire ses engagements en résultats tangibles pour l’ensemble de la population.