Gourmo Lo à Biram Dah Abeid : « Le dialogue est aussi une lutte »
En réponse aux critiques du président Biram Dah Abeid sur la tenue du dialogue politique, Gourmo Lo, vice-président de l’UFP, défend une vision stratégique du dialogue, tout en appelant à une opposition responsable, unie dans la diversité de ses méthodes.
Dans une intervention audio récente, Gourmo Lo, vice-président de l’Union des Forces de Progrès (UFP), a pris la parole pour répondre avec hauteur et nuance à une série de messages audio du président Biram Dah Abeid. Ces échanges révèlent les tensions et les divergences de perception au sein de l’opposition mauritanienne autour du dialogue politique en préparation avec le pouvoir en place. Dans un esprit de clarification, Gourmo Lo défend la vision stratégique du dialogue comme levier de transformation démocratique, tout en saluant la démarche ouverte de Biram.
Une interpellation publique aux allures de lettre ouverte
C’est en réponse à une série d’audios que le président de l’IRA, Biram Dah Abeid, a récemment adressés à trois figures politiques majeures de l’opposition – Mohamed Maouloud, Samba Thiam et Gourmo Lo – que ce dernier a choisi de prendre publiquement la parole. Dans ces messages, Biram invite ses interlocuteurs à reconsidérer leur posture face au dialogue politique engagé par le pouvoir, qu’il qualifie de mascarade et de tentative de duperie à l’égard du peuple.
Selon Biram, les conditions actuelles, marquées par des répressions, des arrestations arbitraires à Nouadhibou et un discours autoritaire émanant du parti au pouvoir, ne sauraient justifier une participation au dialogue. Il appelle les trois leaders historiques à rester fidèles à leurs principes et à leur passé de lutte démocratique, qu’il reconnaît et salue.
Un échange dans le respect et la responsabilité
Gourmo Lo salue d’entrée le ton respectueux et constructif de Biram, et lui répond avec la même considération. « Il nous a interpellés dans un esprit positif, c’est donc dans cet esprit que je lui réponds », affirme-t-il.
Tout en reconnaissant la gravité des faits évoqués par Biram – répressions, lois liberticides, environnement politique délétère –, Lo insiste sur la différence d’approche. À ses yeux, le dialogue ne saurait être considéré comme une trahison ou une faiblesse, mais bien comme une option stratégique adoptée depuis longtemps par l’UFP, bien avant même la fin de la lutte armée.
Le dialogue comme outil de lutte politique
« Pour nous, le dialogue est une forme de lutte. Ce n’est pas une reddition, mais une confrontation d’idées qui permet des compromis historiques et pacifiques », explique Gourmo Lo. Il rappelle que toutes les avancées politiques significatives en Mauritanie – même sous des régimes autoritaires – ont toujours été précédées ou accompagnées de discussions, plus ou moins formelles, entre le pouvoir et les oppositions.
Il note également que Biram lui-même a participé à des dialogues ou discussions bilatérales avec le pouvoir, selon les intérêts politiques du moment. « Il n’a jamais été critiqué pour cela, car chaque formation a le droit souverain de choisir ses méthodes d’action. »
Une opposition plurielle, un objectif commun
Tout en défendant le dialogue, Lo admet les inquiétudes légitimes sur les récentes arrestations à Nouadhibou et sur les lois liberticides. « Ces faits doivent être dénoncés fermement, ce que l’opposition fait déjà massivement. Mais cela ne doit pas nous empêcher de poser ces problèmes sur la table du dialogue. » Il ajoute que poser des préconditions rigides risquerait de fournir au pouvoir un prétexte pour enterrer le processus, comme cela s’est vu sous le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz.
Pour Lo, l’objectif n’est pas de dialoguer à tout prix, mais de créer les conditions d’une alternance réelle, d’instaurer une démocratie stable et de réformer profondément les institutions politiques. Il appelle à une lecture pragmatique du contexte : « Le chef de l’État affirme vouloir un dialogue sans tabous, garantissant la mise en œuvre de ses conclusions. C’est une ouverture que nous devons saisir. »
Conclusion : une main tendue et un cap maintenu
En somme, Gourmo Lo propose une réponse mesurée à l’appel de Biram Dah Abeid : oui, les dérives autoritaires existent et doivent être dénoncées ; non, elles ne justifient pas de renoncer au dialogue comme instrument de changement. Il appelle à une opposition unie dans sa diversité, capable d’assumer des stratégies différenciées sans s’invectiver ni se délégitimer mutuellement.
Le dialogue, réaffirme-t-il, reste un terrain de lutte, un levier historique pour les forces patriotiques de Mauritanie. Et c’est sur ce terrain que l’UFP, avec ses partenaires, compte continuer à œuvrer pour une transition démocratique inclusive et pacifique.
Rédaction Rapide info