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Visite de Ghazouani à Washington : une diplomatie discrète mais efficace

La visite du président Ghazouani aux États-Unis fut un succès stratégique discret, salué à Washington malgré une couverture médiatique incomplète.

Ghazouani à Washington : l’art diplomatique de la retenue dans l’Amérique de Trump

Par Ahmed Ould Bettar – Rapide Info

La visite du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani aux États-Unis, la semaine dernière, continue de faire couler beaucoup d’encre — et souvent de l’encre mal dirigée. Tandis que certains médias, empressés ou mal intentionnés, s’évertuent à peindre ce déplacement comme un acte manqué, la réalité, elle, se décline en nuances bien plus solides. Car derrière l’absence de grand spectacle se cachait une orchestration diplomatique sobre, mais maîtrisée, qui a su placer la Mauritanie là où elle doit être : au cœur de l’attention stratégique de l’Amérique de Donald Trump.

L’éloquence des gestes mesurés

Ceux qui attendaient des feux d’artifice médiatiques en ont été pour leurs frais. Mais c’est oublier que la diplomatie ne s’exerce pas dans les studios de télévision, mais dans l’épaisseur des dialogues. Le président Ghazouani n’est pas un homme d’esbroufe ; il est de ceux qui, comme les philosophes des Lumières, préfèrent la profondeur à l’apparat. Et cette profondeur, à Washington, a trouvé un écho inattendu.

Non, il n’y a pas eu de cliché solennel aux côtés de Donald Trump dans les salons dorés de la Maison-Blanche — mais en a-t-on vu davantage avec Mahamat Déby du Tchad ou Ibrahim Traoré du Burkina Faso ? Loin des symboles creux et des poignées de main théâtrales, c’est la consistance des échanges et la portée stratégique des discussions qui ont réellement compté.

Une Mauritanie plus que jamais courtisée

Dans une conjoncture sahélienne troublée, où le terrorisme, les rivalités géopolitiques et les transitions autoritaires forment une hydre à plusieurs têtes, la Mauritanie apparaît aux yeux de Washington comme un pôle de stabilité — rare, presque précieux. La rencontre du président Ghazouani avec plusieurs hauts responsables de l’administration Trump, ses discussions approfondies avec les têtes pensantes des think tanks américains et l’attention portée à la coopération sécuritaire et énergétique montrent une chose : Nouakchott est écoutée, respectée et recherchée.

Ce que certains ont interprété comme une visite discrète, était en fait une démonstration silencieuse d’influence croissante.

Sécurité, énergie, souveraineté : les trois axes

À travers cette visite, Ghazouani a mis sur la table les priorités de la Mauritanie : maintenir la stabilité dans une région en surchauffe, exploiter de manière souveraine ses ressources énergétiques — notamment gazières et en hydrogène vert —, et renforcer une gouvernance équilibrée, sans verser dans le dogmatisme ni la dépendance.

Des thématiques qui ont trouvé chez les Américains un écho favorable. L’intérêt des États-Unis pour la Mauritanie ne relève plus seulement de la logique anti-terroriste du passé ; il touche désormais à l’économie, à l’environnement, et à la géopolitique énergétique de demain.

La discrétion comme posture assumée

Certes, la communication officielle n’a pas déployé d’arsenal narratif flamboyant. Mais ce n’était peut-être pas une erreur : c’était une posture. Le président Ghazouani, fidèle à sa méthode, a préféré la retenue à l’exhibition. Dans l’arène politique mondiale, cela peut ressembler à un contre-courant — mais c’est aussi ce qui donne de la densité à sa vision.

Et c’est sans doute là que certains observateurs sont passés à côté du tableau. Ils cherchaient des effets, ils ont reçu des fondements. Ils voulaient du spectaculaire, ils ont eu du structurel. Autrement dit, ce qui compte réellement.

Répondre aux critiques par les faits

Les critiques fusent, comme souvent. Mais elles résistent mal à l’épreuve des faits. Car les retombées de cette visite se manifesteront moins par des déclarations immédiates que par des engagements à moyen et long termes : investissements en cours, partenariats renforcés, appuis diplomatiques dans les arènes internationales. Cela, la rumeur ne le dit pas — mais l’Histoire, elle, le retiendra.

En guise de morale, façon Voltaire…

Voltaire écrivait : “On ne réussit souvent qu’en paraissant risquer tout.” Ghazouani, lui, a réussi sans risquer le superflu. Il a avancé dans le calme, planté les graines d’une diplomatie mûre, loin des vanités de surface.

Dans l’Amérique polarisée de Donald Trump, où chaque rencontre internationale est scrutée comme un jeu d’échecs médiatique, la visite du président mauritanien a démontré qu’il existait une autre voie : celle de la sobriété éclairée.

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