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Ghazouani inaugure une station de filtration : entre délivrance et désillusion

À Keur Macène, Ghazouani inaugure une station de filtration et lance l’extension d’Aftout. Entre promesse d’eau claire et scepticisme persistant.

Éditorial

Ghazouani a inauguré. Hier. Une station de filtration. Une pierre posée. Une promesse de plus. L’eau, enfin… dit-on.

Depuis vingt ans, le sable s’infiltre. Les tuyaux s’enlisent. Les régimes passent, le fleuve reste sale. On colmate, on bricole, on oublie. Puis, inévitablement, on recommence. Toujours.

Or hier, pourtant, un geste. Du béton, des tuyaux neufs, des chiffres étalés sur les micros. Deux cent vingt-cinq mille mètres cubes par jour. Des millions de dollars. Des millions d’euros. Bref, des chiffres, encore et toujours.

Cependant, le silence fut assourdissant. Celui d’une majorité muette. Pas un mot. Pas un souffle. Comme si l’événement ne valait pas le trouble. Comme si résoudre un problème était, en soi, un crime contre la politique. Parce que certains vivent de l’échec. Ils s’y accrochent comme des rats à leur épave.

De plus, sur les réseaux, rien. Ou presque. L’indifférence domine. La jalousie. La haine aussi. Les rancunes s’aiguisent chez d’anciens ministres qui ruminent leur gloire perdue. Moctar Ould Diay agit, eux ressassent. Nouakchott boira demain une eau plus claire… mais eux préféraient la boue. Elle leur servait d’argument.

Quant au peuple ? Il applaudit, par réflexe. Mais au fond, il sait. L’eau ne lave pas les plaies profondes. Une station ne répare pas les décennies de soif. Pas plus qu’un discours ne comble l’abîme de la confiance.

Certes, Ghazouani bâtit. Certes, la France paie. Certes, les Chinois posent les tuyaux. Et alors ? On inaugure, on coupe des rubans… et la vie continue. La soif continue. La ville grossit, la misère gonfle. Et demain, encore, on parlera de déficit, de fuites, de pénuries.

C’est ainsi. Mais, cette fois, chaque pierre posée devient, pour une fois, un souffle de répit… Une délivrance inattendue… Une solution arrachée au néant, que le citoyen n’osait plus espérer.

Ahmed Ould Bettar

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