Pourquoi Ghazouani parle aux médias étrangers ?
Le président Ghazouani privilégie les médias étrangers pour parler aux décideurs internationaux, une stratégie diplomatique plus qu’un choix médiatique intérieur.
Alors que le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani multiplie les entretiens avec des médias étrangers peu suivis dans son propre pays, une question s’impose : à qui s’adresse réellement sa parole ? Derrière ce choix de communication se cache une stratégie diplomatique assumée, orientée vers les bailleurs, les investisseurs et les capitales étrangères, plus que vers le public national. Ce positionnement révèle une volonté de contrôler le message et d’éviter la polarisation du débat intérieur, tout en projetant à l’extérieur l’image d’un État stable et d’un leadership mesuré. Mais il met aussi en lumière un paradoxe : à l’heure où les médias mauritaniens gagnent en crédibilité et en audience, la parole présidentielle semble encore préférer les canaux extérieurs plutôt que le dialogue direct avec ses propres citoyens.
Le président de la République, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani multiplie les interviews dans des médias étrangers souvent méconnus du public national. Une stratégie pensée pour séduire les bailleurs, diplomates et investisseurs plutôt que les citoyens mauritaniens, au risque d’affaiblir le dialogue intérieur. Cet article explore les enjeux politiques, médiatiques et diplomatiques d’un tel choix.
1. Pourquoi le président Ghazouani accorde-t-il des interviews à des médias étrangers peu lus en Mauritanie ?
Plusieurs raisons stratégiques peuvent expliquer ce choix :
a. Cibler un public diplomatique, pas domestique
Ces interviews visent avant tout les décideurs internationaux : diplomates, bailleurs de fonds, investisseurs et analystes politiques. Même lorsqu’il s’agit de médias étrangers peu connus en Mauritanie, leur visibilité reste forte dans les cercles de pouvoir africains et européens.
b. Maîtriser le cadre et le ton
Les médias étrangers offrent souvent un espace plus neutre et prévisible, loin des tensions et critiques locales.
Cette approche s’inscrit dans une communication présidentielle maîtrisée, où le ton et la narration sont calibrés pour éviter les dérapages et renforcer la crédibilité institutionnelle.
c. Renforcer la vitrine internationale
La Mauritanie cherche à apparaître comme un îlot de stabilité au Sahel, engagé dans :
la lutte antiterroriste,
la gouvernance sobre,
la transition énergétique,
et la gestion migratoire.
Dans ce contexte, les médias étrangers jouent un rôle de relais diplomatiques plutôt que de simples canaux d’information. Cette stratégie s’aligne sur la vision promue par les autorités mauritaniennes dans les forums internationaux et sur des plateformes comme RFI Afrique ou BBC Afrique.
2. À qui s’adresse réellement le président ?
Le message est clair : il parle à un lectorat étranger influent, celui qui pèse sur :
les politiques d’aide,
les flux d’investissement,
et la réputation du pays à l’international.
C’est donc une communication tournée vers l’extérieur du pays, même si elle reste politiquement utile à l’intérieur (montrer qu’il est écouté à l’étranger).
3. Les médias mauritaniens qui n’ont rien à envier aux grands du monde
Sur le plan de la rigueur et de la portée, plusieurs médias nationaux méritent une reconnaissance accrue :
- Alakhbar.info – indépendant, influent, suivi par les élites et la diaspora ;
- Sahara Media – réputé pour sa fiabilité sur les sujets sécuritaires et politiques ;
- Rapide Info – en forte progression, connu pour sa réactivité et ses analyses contextualisées ;
- Cridem – plateforme reliant l’intérieur et la diaspora, à forte audience internationale ;
- Aqlame et Rimtoday.net – médias d’opinion et d’analyse parmi les plus lus.
À ces plateformes s’ajoutent des relais audiovisuels solides comme Sahel TV et plusieurs radios privées, qui contribuent activement au débat démocratique national.
Ces médias forment un écosystème médiatique solide que le président pourrait valoriser davantage pour renforcer le dialogue intérieur et la légitimité populaire.
Conclusion
Les interviews à des médias étrangers participent à une stratégie diplomatique cohérente, mais elles ne peuvent pas remplacer la parole adressée aux Mauritaniens eux-mêmes.
Les médias nationaux – Alakhbar, Sahara Media, Mauriweb, la Dépeche, Rapide Info, Cridem, Pointschauds et d’autres – offrent aujourd’hui une crédibilité et une influence réelles qui permettraient au président de parler à la nation sans passer par des filtres extérieurs.
Mohamed Lemine Ahmed
Louisville, USA
Rapide info



