Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, un président incognito dans les rues sablonneuses de Nouakchott
Le président de la République, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, dissimulé sous un simple turban, s’aventure dans les rues sablonneuses de Nouakchott, loin des protocoles officiels. Une scène rare qui interroge sur la proximité entre le chef de l’État et son peuple.
Nouakchott – Et si le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, chef de l’État mauritanien, déposait un instant ses attributs de pouvoir pour revêtir un simple turban, dissimuler son visage et s’aventurer, incognito, dans les rues sablonneuses de la capitale ? L’idée, à la fois audacieuse et utopique, serait un miroir brut, offert sans filtres, de la Mauritanie réelle.
Sous le voile des conversations ordinaires
Dans les quartiers populaires de Nouakchott, entre les ruelles de Dar Naïm, les marchés de Sebkha ou les artères poussiéreuses d’Arafat, la parole est libre, parfois tranchante. Ici, nul besoin de discours officiels : les citoyens s’expriment avec la spontanéité d’un quotidien marqué par la cherté de la vie, les coupures d’électricité, l’attente interminable devant les hôpitaux publics, ou encore le prix toujours trop élevé du sac de riz.
Un président anonyme, s’il tendait l’oreille, entendrait sans doute la colère sourde d’un chauffeur de taxi qui peste contre le carburant devenu inaccessible, le soupir d’une mère qui compte ses pièces au marché, ou la conversation résignée de jeunes diplômés sans emploi, assis à l’ombre d’un kiosque de thé.
Les cris, les espoirs, les colères
Les voix se chevaucheraient : l’espoir d’un pays assis sur d’immenses richesses gazières, mais aussi la désillusion face à une gouvernance jugée trop lente à transformer les promesses en réalités.
Au détour d’une échoppe, le président pourrait surprendre des critiques acerbes contre les lenteurs de l’administration, mais aussi des éclats de rire, des chants improvisés ou des débats passionnés sur le football et la politique.
Nouakchott bruisse de cette contradiction permanente : une capitale qui souffre et qui espère, une jeunesse impatiente mais inventive, une société diverse qui rêve d’un État plus juste et plus proche.
La vérité du terrain
Marcher seul, enturbanné, ce serait aussi accepter d’affronter le désordre urbain, les routes cahoteuses, l’insécurité nocturne. Mais surtout, ce serait se heurter à une vérité difficile : celle d’un peuple qui ne parle pas le langage des bilans officiels, mais celui du quotidien rugueux.
Un tel voyage clandestin n’effacerait pas les problèmes, mais il offrirait au président une leçon de proximité qu’aucun rapport de conseiller, aucune note ministérielle ne peut remplacer.
Une utopie nécessaire
Dans l’histoire, de grands dirigeants ont parfois choisi l’anonymat pour prendre le pouls de leur peuple. À Nouakchott, l’expérience serait risquée, peut-être même impossible. Mais elle aurait une vertu symbolique : rappeler que le pouvoir ne vaut que par l’écoute.
Et si, au détour d’un thé partagé dans une gargote poussiéreuse, Ghazouani découvrait que la véritable gouvernance commence par le simple fait d’entendre – vraiment – les cris et les murmures de ses citoyens ?
Ahmed Ould Bettar