Focus Jeunesse en Mauritanie : entre chômage massif, aspirations croissantes et solutions à inventer
Focus Jeunesse en Mauritanie : entre chômage massif, aspirations croissantes et solutions à inventer
Jeunesse en Mauritanie
Nouakchott – Juillet 2025.
En Mauritanie, la jeunesse constitue plus de 60 % de la population. Pourtant, elle fait face à un paradoxe de taille : un potentiel démographique important mais des opportunités économiques limitées. Le chômage des jeunes, en particulier des diplômés, reste l’un des défis majeurs du pays.
Un chômage structurel et multidimensionnel
Selon les données les plus récentes de l’Office National de la Statistique (ONS), le taux de chômage chez les jeunes de 15 à 35 ans frôle les 30 %, avec une forte disparité entre les zones urbaines et rurales. Ce taux est encore plus élevé chez les jeunes femmes et les diplômés de l’enseignement supérieur, souvent victimes d’un décalage criant entre formation académique et besoins du marché du travail.
« J’ai un master en droit public, mais cela fait deux ans que je cherche un emploi sans succès », témoigne Fatimetou, 27 ans, originaire de Kaédi. Elle n’est pas un cas isolé.
Des aspirations nouvelles, un rapport différent au travail
Contrairement aux générations précédentes, les jeunes Mauritaniens aspirent de plus en plus à une stabilité économique, mais aussi à une certaine autonomie et reconnaissance sociale. Ils expriment une volonté forte d’entreprendre, d’innover, et de sortir des sentiers battus de l’emploi public, longtemps considéré comme la voie royale.
Le numérique, les énergies renouvelables, l’agriculture intelligente ou encore l’économie verte attirent une jeunesse consciente des enjeux mondiaux et des opportunités locales.
Des initiatives locales et internationales, mais un impact limité
Plusieurs programmes gouvernementaux et partenariats internationaux ont été lancés pour répondre à cette crise : le Programme des Filets Sociaux, le projet Emplois Compétences pour les Jeunes appuyé par la Banque Mondiale, ou encore l’initiative YouthConnekt Mauritanie soutenue par le PNUD. Ces projets offrent des formations, du mentorat et parfois des financements.
Toutefois, leur portée reste encore limitée face à l’ampleur du défi. « Il faut une politique nationale de l’emploi jeune, multisectorielle et durable », affirme un expert du développement local à Nouadhibou.
Quelles solutions durables ?
1. Réforme de l’enseignement et formation technique :
Adapter les curricula aux réalités économiques locales, renforcer les filières professionnelles et créer des passerelles entre universités et secteur privé.
2. Soutien à l’entrepreneuriat :
Faciliter l’accès au crédit, simplifier les démarches administratives et offrir un accompagnement personnalisé aux jeunes porteurs de projets.
3. Développement des secteurs porteurs :
L’exploitation du gaz offshore, l’agriculture irriguée, la pêche durable, l’économie numérique ou le tourisme peuvent devenir des viviers d’emplois si les politiques sont inclusives.
4. Mise en place de « zones économiques jeunes » :
Créer des espaces d’innovation, d’incubation et d’accélération dans les principales villes du pays, pour capter l’énergie créatrice de la jeunesse.
Conclusion : Le temps d’agir
La jeunesse mauritanienne n’est pas une bombe à retardement, mais une opportunité démographique. Elle attend des actes concrets, des politiques inclusives et des espaces de dialogue. L’État, le secteur privé, la société civile et les partenaires techniques et financiers doivent unir leurs forces pour transformer cette force vive en moteur du développement.
Encadré Chiffres clés :
60 % de la population a moins de 25 ans
30 % de taux de chômage chez les jeunes
< 10 % des jeunes accèdent à des formations techniques ou entrepreneuriales
+50 % des jeunes se disent prêts à entreprendre, mais manquent de financement
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